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Au Royaume

Un débat superflu

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et tayeb houdaifa

Dans les médias et les rencontres, il n’est question, ces derniers temps, que de l’identité nationale. Sans doute dans le sillage de la parole royale «On est patriote ou on est traître», peut-être aussi par mimétisme de l’initiative sarkozyste. Or, le Roi visait seulement une coterie de félons ; quant au débat identitaire en France, s’il n’était pas biaisé, serait légitime, tant les valeurs républicaines se trouvent bafouées par une minorité agissante. Au Maroc, une telle action n’a ni sens ni pertinence. Récemment, j’ai été, par devoir amical, l’otage d’une table ronde autour du thème «Qu’est-ce qu’être Marocain ?». Susciter une réflexion sur un sujet de cette nature m’a paru aberrant. Etant donné que la marocanité, comme toute appartenance, se vit, mais ne se pense pas, puisqu’elle est intériorisée.
D’autre part, en convoquant le mode interrogatif, on tend à faire accroire, assurément inconsciemment, que les fondements de leur identité ne sont pas évidents pour tous les Marocains. Ce qui est une erreur grossière. Enfin, sous la question inquiète, gît le soupçon : il y aurait des Marocains qui ne sont pas Marocains. Fâcheuse extrapolation à partir du cas de quelques brebis galeuses, tellement insignifiantes qu’elles ne peuvent mettre en péril l’identité nationale. Toutefois, il faut qu’on prenne garde à ne pas trop agiter cette question, qui n’en est pas une, sous peine de renforcer les rangs des ennemis du Maroc. Insinuer le doute sur le sentiment d’appartenance d’une part fictive de Marocains à leur pays reviendrait à faire leur jeu. A bon entendeur, salut !