Au Royaume
Un but non décisif
La reconnaissance du polisario par l’Afrique du Sud est un penalty transformé contre le courant du jeu.
Dans le match qui l’oppose au Maroc au sujet du Sahara, l’Algérie vient de marquer un but psychologiquement important mais pas décisif. La décision sud-africaine de reconnaître et d’établir des relations diplomatiques immédiates avec le polisario est un pénalty transformé contre le courant du jeu. Mais cela ne doit pas démoraliser un Maroc qui garde pas
mal d’atouts et surtout qui a l’avantage.
L’Afrique du Sud est un géant économique et politique respecté en Afrique et dans le monde, grâce à son influence et à la stature incomparable de son leader spirituel Nelson Mandela. Un Mandela qui connaît bien notre pays, qui a pas mal aidé l’ANC depuis les années soixante et jusqu’à l’abolition de l’apartheid.
Nous ne ferons pas à l’Afrique du Sud l’insulte de dire que les relations entre les deux pays se sont dégradées à l’occasion de la candidature marocaine au Mondial 2010. Mais des agences de presse n’hésitent pas à l’écrire.
En fait, les relations économiques et politiques entre Alger et Pretoria sont de plus en plus solides et c’est là qu’il faut voir la vraie raison de cette reconnaissance dont l’éventualité était agitée depuis plusieurs années. Le ministre sud-africain des Affaires étrangères a pour sa part avancé comme justification l’assistance mutuelle que se sont prêtée «les deux peuples dans leur lutte pour la liberté et la dignité». Un propos qui ne convainc pas, car au palmarès de l’aide au peuple sud-africain, le Maroc s’en sort très très bien.
Il est donc compréhensible et naturel que le Maroc soit déçu par la décision sud-africaine et qu’il accuse le coup.
Mais il ne faut pas oublier que, dans ce match d’endurance entamé en 1975, il y a eu des hauts et des bas. Depuis quelques années, le Maroc a néanmoins transformé quelques essais remarquables. La reconnaissance du polisario par l’Inde avait été un coup dur. Le retrait de cette reconnaissance a été une grande victoire. Citons aussi le récent changement d’attitude de l’Espagne, après plusieurs années d’inimitié anti-marocaine. Sans oublier la cascade de retraits de reconnaissances en Afrique et en Amérique.
La vraie tendance lourde de ces dernières années, c’est la recherche d’une solution négociée acceptable par tous et surtout viable. C’est-à-dire une solution qui n’est ni l’indépendance, ni le rattachement pur et dur.