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Face à  un risque certain de coupure d’électricité, l’approche qui consiste à  dire que tout va bien pourrait décrédibiliser l’Etat. Mieux vaut dire que le risque est maîtrisé.

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Ya-t-il risque de délestage au cours de cet été ? En février 2007, et alors que le gouvernement Jettou était encore aux commandes, la publication par un confrère d’informations faisant état de risques de coupures très probables de courant au cours de l’été 2008 avait valu au patron de l’Office national de l’électricité de vives remontrances de la part de son ministère de tutelle.

Quinze mois après, et alors que les capacités de production n’ont que peu augmenté, que la saison se caractérise par une relative sécheresse, obérant une partie de la puissance hydraulique, que la consommation a augmenté de quelque 9% et que les tabous à ce sujet sont tombés, le mot d’ordre officiel, même de la part du DG de l’office, est à l’apaisement : il n’y aura pas de coupure de courant cet été, le risque de délestage est écarté.

Bizarre. Bizarre quand on sait, selon les propres termes du patron de l’ONE interrogé par le même confrère, qui affirme bel et bien que «la marge de réserve est érodée» et que «l’équilibre est maintenu à bras-le-corps depuis 2007». On le sait, n’eût été l’interconnexion avec l’Espagne, le Maroc serait bien incapable de satisfaire la demande en période de pointe avec ses moyens internes.

Seul risque, assure-t-on, celui d’un incident technique, soit une panne de centrale. Or, et c’est mathématique, la capacité de production actuelle est certes légèrement au-delà du besoin prévisionnel, mais il faut inclure dans cette capacité celles, aléatoires, de l’éolien et de l’hydraulique, et la consommation du marché espagnol qui, au vu des fortes chaleurs qui s’annoncent, n’est pas près de s’assagir.

Question simple : comment qualifier en 2008 «un approvisionnement porté à bras-le-corps depuis 2007» alors que la demande a augmenté ? Le DG de l’ONE, tout en se voulant rassurant, se garde bien d’aller au fond du problème, déclarant être «serein pour la garantie de la sécurité d’alimentation pour les villes nationales. Néanmoins, c’est aux régies d’assurer la sécurité de la distribution». On le sait bien et cela a même été écrit dans nos colonnes (www.lavieeco.com) : un plan de délestage est prévu et les industriels ont été approchés en ce sens !

Dans ces conditions, l’approche gouvernementale qui consiste à dire – et faire dire – que tout va bien risque de se retourner contre l’Etat qui verra sa crédibilité entamée en cas de coupure. Mieux vaut officiellement dire que le risque existe et que les dispositions pour assurer l’approvisionnement des cités/activités névralgiques sont prises. Cela fait plus sérieux .