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TPME : Entretien avec Saad Hamoumi, Initiateur de Smart Entreprise Morocco (SEM)

Pour Saad Hamoumi, Consultant senior, Docteur en économie, Initiateur de Smart Entreprise Morocco (SEM) les débats du SEM ont fait ressortir que le problème n’est pas le financement, mais l’accompagnement et le manque de partage d’information sur les outils et les dispositifs disponibles en faveur des TPME.

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Saad Hamoumi

Saad Hamoumi

Vous avez organisé, en novembre dernier, la 1ère édition du salon Smart Entreprise Morocc@ (SEM). Quels étaient les objectifs escomptés de cette rencontre ?
Cet événement a été conjointement organisé par Harvard Consulting, le cabinet de conseil spécialisé en business développement, et l’agence Young & Rubicam, appartenant au réseau WPP, 1er groupe de communication dans le monde. Le salon Smart Entreprise Morocco est une occasion pour mettre en valeur les relations de l’écosystème entrepreneurial. Mais aussi pour débattre des dispositifs de l’entrepreneuriat, pour lesquels il y a un vrai déficit de communication, et, partant, créer une dynamique entre les différents acteurs de ce marché. Le salon Smart Entreprise Morocco se veut un espace d’échanges d’expériences, de partage d’infos, de conseils, de networking… Il s’est donné comme objectif de faire un bilan de l’entrepreneuriat au Maroc, de mettre en avant les opportunités et de donner les outils pour traiter plusieurs thématiques.

Quelles étaient les principales recommandations du Smart Entreprise Morocco en lien avec la TPME ?
Les débats du SEM ont fait ressortir, entre autres grands constats, que le problème n’est pas le financement mais l’accompagnement et le manque de partage d’information sur les outils et les dispositifs disponibles en faveur des TPME. De plus, les intervenants ont insisté sur l’importance d’installer la culture de l’évaluation de l’impact des programmes de développement. Pour eux, il s’agit de rendre compte des effets de ces programmes sur le tissu des TPME. En plus, il est primordial de promouvoir l’indispensable transparence de la data pour plus de confiance. Enfin, la promotion des axes de développement de l’entrepreneuriat dans les régions est une question de grande importance.

Quel est le constat général que vous faites aujourd’hui concernant l’accès au financement des TPME ?
L’accès au financement reste, malgré les efforts réalisés par le système bancaire et les organismes de financement encore, une entrave au développement des TPME. Les discours de S.M. le Roi ont clairement exhorté tous les acteurs marocains du secteur financier de faire un effort pour pallier ce besoin primordial. A cela s’ajoute le manque d’outils de financement alternatifs qui ne sont pas encore développés au Maroc : crowd funding, business angels…

Selon vous, est-ce qu’il s’agit d’une problématique d’offre bancaire ou de demande émanant de vrais dossiers bancables?
Les deux problématiques existent. Le banquier pointe du doigt le manque de professionnalisme dans les réalisations des business plan, études de faisabilité…Et pour le porteur de projet ce sont les problématiques d’accès à l’information sur les produits existants, les garanties nécessaires et la lourdeur des dossiers à constituer pour accéder aux financements.

Il existe beaucoup d’initiatives publiques pour faciliter l’accès au financement. Pourquoi à votre avis cela ne marche pas ?
En effet, on constate que de nombreuses initiatives publiques ont été mises en place pour faciliter l’accès au financement, notamment à travers la CCG, Banque Al-Maghrib ….
Si les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, c’est essentiellement dû à deux éléments comme cela a été mentionné dans le livre blanc du Salon Entreprise 2019 ou dans diverses études menées au Maroc :

•Problème de communication sur les leviers de financement disponible
•Besoin d’accompagnement par des structures professionnelles et basées dans les différentes régions du Royaume.

Que préconisez-vous pour rectifier le tir ?
Répondre aux besoins exprimés par les entreprises TPME marocaines, à savoir plus de proximité et facilités d’accès à l’information et structures d’incubation, accélération…
Développer auprès des administrations et organismes d’appui à l’entreprise un esprit «approche client» avec objectif de résultats et combattre la bureaucratie. Le digital est un des outils incontournables que l’administration doit continuer à développer en le mettant au service du contribuable.

De quoi a le plus besoin aujourd’hui cette population d’entreprises ?
Les entreprises marocaines et notamment les TPME ont besoin de regagner la confiance et d’avoir des incitations pour continuer à entreprendre et développer leurs activités. De nombreux pays ont développé un arsenal très important dans ce sens et on pourrait s’inspirer des modèles turc, français … et mettre en place un modèle marocain. De même, le fléau de l’informel doit être combattu car il plombe notre économie et met en péril son développement. Nous ne pouvons pas dédouaner ces pratiques illégales sous prétexte d’œuvrer à maintenir des équilibres sociaux.

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