Au Royaume
TPME-Crowdfunding : Une alternative de financement par excellence pour les TPME
L’activité de crowdfunding sera bientôt opérationnelle au Maroc. Pour le succès de leurs campagnes, les porteurs de projets doivent remplir certaines conditions.

Attendu depuis avril 2018, l’examen du projet de loi dit sur le «financement collaboratif» est enfin activé au Maroc ( Cf encadré). Officiellement, le crowdfunding n’est jusqu’à ce jour pas opérationnel au Maroc, puisqu’i ne dispose pas d’un cadre légal et réglementaire adapté à son développement. Il n’y a donc pas encore d’opérations de crowdfunding en investissement. L’appel au don est réservé aux associations et nécessite une autorisation préalable du Secrétariat général du gouvernement, l’appel public à l’épargne (Equity) nécessite la publication préalable de l’information financière réglementée, les opérations de crédits relèvent du monopole bancaire et les transferts de fonds étrangers sont astreints à la réglementation des changes. La collecte des fonds pour compte de tiers, quant à elle, est assujettie à un agrément bancaire délivré par la banque centrale.
«Ceci dit, sur ces cinq dernières années, il y a eu quelques opérations de crowdfunding en dons réalisées pour des projets associatifs, culturels et sociaux, et ceci à partir de plateformes qui opèrent en France», nous confie le membre d’un cluster casablancais.
Pour un pays où les alternatives de financement sont très rares pour les TPME, le Maroc a beaucoup de retard et surtout beaucoup de manque à gagner en la matière. Il n’ y a qu’à comparer avec un pays voisin comme la France, dont les plateformes ont permis de financer les TPE et PME françaises à hauteur de 174 millions d’euros en 2019. Un montant conséquent en progression de 17 % par rapport à 2018.
«L’écosystème financier gagnerait à diversifier ses offres de financements afin de combler la faiblesse du taux de bancarisation de certains opérateurs économiques. Le crowdfunding pourrait constituer une réponse pour améliorer l’accessibilité des TPME aux sources de financement sur l’ensemble du territoire grâce à la dématérialisation du modèle. Ce dernier, par une mutualisation des risques par la foule, pourrait répondre aux besoins de financements des acteurs en marge du système traditionnel. Le Maroc aurait tout à gagner en intégrant un instrument qui s’inscrit dans la complémentarité avec un certain nombre d’outils d’inclusion financière déjà opérationnels afin de répondre efficacement aux défis de la croissance économique du pays», explique notre professionnel.
Crowdfunding, Quésaco ?
Littéralement, le crowdfunding signifie «financement par la foule». Une méthode permettant à des entreprises, start-up, particuliers ou associations de faire appel au grand public pour soutenir financièrement un projet. Les contributeurs, communément appelés “backers” dans le jargon du crowdfunding, apportent leur pierre à l’édifice. Le procédé permet donc de récolter facilement et surtout rapidement les fonds qui feront voir le jour au projet. Les appels de fonds s’effectuent sur une plateforme en ligne qui collecte l’argent, avant de le reverser au porteur de projet, après déduction des frais de la plateforme et du partenaire de traitement des paiements.
C’est d’ailleurs l’une des plus grandes forces de ce type de financement. La combinaison de la technologie numérique et des process développés par des analystes permet de traiter les dossiers très rapidement. Les plateformes de crowdfunding étudient chaque projet en profondeur. Une fois retenu, la campagne de collecte (qui dure quelques jours à quelques semaines) est activée, et le projet est présenté au public, qui contribuera à hauteur d’une dizaine, d’une centaine ou encore de milliers de billets. Bien entendu, les seuils et les plafonds varient selon le projet.
Une fois les fonds collectés, la plateforme débloque l’argent au bénéfice de l’entreprise. Entre le dépôt du dossier et la réception des sommes, le temps qui s’écoule est particulièrement court, comparé au circuit bancaire traditionnel.
Au risque de rentrer bredouille chez eux, les porteurs de projet ont intérêt à définir avec précision le budget à lever.
D’autant plus que sur certaines plateformes, si le porteur de projet n’atteint pas cette somme en promesses de dons ou préventes, l’ensemble de la campagne est annulé : c’est le principe du «tout ou rien». En clair, les personnes qui s’engagent à soutenir un projet n’auront rien à payer si l’objectif de financement du projet n’est pas atteint.
D’autres plateformes proposent des campagnes dites flexibles, où le porteur de projet encaisse la somme, que l’objectif de financement soit atteint ou pas, sauf qu’en contrepartie la commission prélevée par la plateforme est bien plus importante.
Quels modèles de financement au Maroc ?
Sous la bannière de crowdfunding, la loi prévoit trois types d’opérations de financement, à chaque fois via une plateforme électronique éditée et gérée par une société de financement collaboratif: le financement des projets sous forme de prêt (crowdlending, pour lesquel Bank Al-Maghrib encadrera le taux d’intérêt ou encore les durées maximales de l’emprunt), de don (crowdfunding stricto sensu : le donateur devra obtenir une autorisation si le montant dépasse 500 000 DH), ou de capital (crowd equity) (Cf encadré BON A SAVOIR).
Dans ce dernier cas, pour les sociétés gestionnaires qui veulent proposer l’investissement en capital, il faudra obtenir un visa auprès de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC). Les plateformes doivent avoir un capital minimum de 300 000 DH et les sociétés de financement collaboratif qui vont les gérer doivent avoir une politique de prévention et de réduction des risques.
En tout cas, entre le vote de la loi et les premières créations de sociétés et de plateformes, il reste beaucoup à faire… Les acteurs du secteur financier vont devoir vulgariser et sensibiliser quant aux avantages de ce tout nouveau moyen de financement auprès des porteurs de projets et surtout du grand public qui sera appelé pour y investir.
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