Au Royaume
TPME – Changer de paradigme…
«Les Très petites et moyennes entreprises (TPME) qui ont des difficultés de trésorerie et d’accès au financement ont souvent des problèmes plus profonds de haut de bilan et d’assises financières ou des problèmes de gouvernance».

Cette affirmation du ministre de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration pose la problématique du financement -longuement ressassée comme le premier frein au développement du tissu productif- à travers un nouveau prisme.
Certes, et les chiffres le prouvent, la population des TPME reste marginalement servie par les institutions bancaires. Selon des données recoupées, les PME comptent à hauteur de 25% sur le crédit bancaire pour se financer. Ce pourcentage tombe à moins de 12% quand il s’agit de très petites structures. A ce jour, pour assurer le cash qu’il leur faut pour l’investissement et l’exploitation, cette population d’entreprises continue de compter sur des sources «informelles», notamment l’argent des proches, les avances des associés en comptes courants (CCA) et le crédit fournisseurs !
Mais, en méditant le propos de Mohamed Benchaâboun, l’on se rend vite compte que cette situation est une émanation de facteurs plus profonds auxquels il semble urgent de donner la priorité. Grâce à ce changement de paradigme, les décideurs iront s’attaquer aux origines du mal au lieu d’essayer d’apporter des palliatifs souvent inefficaces.
Traiter les problèmes de fond de cette population, véritable vivier d’emplois et de création de valeur, et l’appuyer reviendrait, en premier lieu, à adresser la problématique du haut de bilan et de la solidité des finances et celle de la gouvernance. Seule alternative pour faire sauter le verrou qui empêche les petites structures de croître, se développer et créer de la richesse et des emplois. Cela dit, il est certain que le constat aujourd’hui fait quant à la difficulté d’accès au financement ne provient pas seulement que des facteurs endogènes aux TPME. Les causes exogènes pèsent aussi dans l’équation. En effet, les banques continuent de demander des garanties lourdes qui font défaut chez les TPME, appliquent des conditions tarifaires rédhibitoires faisant encore asphyxier les trésoreries par des charges financières, et n’assurent pas comme il se doit leur rôle de conseil et vulgarisation des dispositifs d’appui publics. Pour tous ces arguments, les banques font leur méa culpa. Mais, en face, elles se défendent en invoquant, justement, le manque de capitalisation de ces entités, le manque de transparence de la gestion, et le manque de compétence technique des dirigeants dans leurs secteurs respectifs entre autres. Pour eux, toutes ces considérations impactent le profil de risque de cette clientèle, la rendant «non bancable». Autrement dit, les banquiers ressortent exactement les carences que le ministre, en sa qualité d’éminent banquier, a pointé du doigt.
Cela dit, plusieurs signaux laissent croire que le changement de paradigme est en cours ! Le ministère de l’économie et des finances a déjà annoncé un grand dispositif qui sera déployé progressivement pour renforcer le capital des TPME. L’Etat pourrait même entrer dans le capital des entreprises et en sortir au bout de 5 à 7 ans pour leur apporter la solidité et les rendre plus crédibles vis-à-vis des partenaires. Aussi, les mécanismes publics de cautionnement et de garantie ont-ils été revus en profondeur pour en faire bénéficier les TPME de manière plus optimale et convaincre plus facilement les banques les plus réticentes. Enfin, ce tissu d’entreprises peut nourrir de vrais espoirs sur le dispositif d’appui et de financement récemment dévoilé.
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