Au Royaume
Tout ce qui brille…
En 2006, une entreprise serbe avait défailli en laissant inachevée une partie de l’autoroute Settat-Marrakech. Aujourd’hui, c’est une société portugaise qui fait défaut, laissant en plan l’élargissement du tronçon Rabat-Casa.
C’est une bien malheureuse nouvelle pour les 43 000 automobilistes et camionneurs qui empruntent chaque jour l’autoroute Casa-Rabat dont les travaux d’élargissement, entamés en 2009, causent divers tracas de circulation. Le chantier qui devait être achevé à fin 2012 prendra un an de plus, si ce n’est davantage. Un an de plus à rouler à une vitesse moyenne de 80 km/h, sur une autoroute bondée où le moindre accrochage entre deux véhicules provoque une immobilisation qui peut durer des heures. Un an de plus à payer 21 DH de péage pour circuler sur une autoroute qui n’en est pas une.
En prenant les choses de manière simpliste, on peut donner raison à ces milliers d’usagers qui réclament le droit d’être exonérés des frais de péage au motif que la voie empruntée ne répond plus, aujourd’hui, aux normes internationales d’une autoroute. Ils ont mille fois raison. Mille et une fois si l’on considère que ce retard va créer d’énormes problèmes de circulation. Le parc automobile national s’accroît de 100 000 véhicules par an et le trafic autoroutier s’est accru de 17% rien qu’entre 2009 et 2010. Trois ans de plus c’est 59 000 véhicules par jour. A ce rythme, il faudra près de trois heures pour aller de Rabat à Casablanca. Payer pour cela paraît aberrant, mais ne pas payer pour cela revient tout simplement à étouffer financièrement la société des autoroutes du Maroc qui tire l’essentiel de ses recettes du tronçon Casa-Rabat. Dilemme…
Ceci pour les conséquences. Mais les causes sont tout aussi riches en enseignements. En 2006, en pleins travaux de réalisation de l’autoroute Settat-Marrakech, une entreprise serbe du nom de Planum avait failli à ses engagements. Fort heureusement, les opérateurs locaux ont joué aux pompiers, ramenant le retard à quatre mois à peine. Aujourd’hui, c’est encore une fois une entreprise étrangère qui, en raison de difficultés financières, se débine, laissant un chantier inachevé. Et ce n’est pas fini : une autre entreprise portugaise travaillant sur l’autoroute Fès-Oujda et sur la rocade méditerranéenne est défaillante. On ne fera pas l’insulte aux Autoroutes du Maroc de considérer qu’ils sont complaisants quant aux références de leurs adjudicataires. On ne versera pas non plus dans le chauvinisme aveugle en réclamant à cor et à cri la préférence nationale, mais le fait est que dans bien des cas on est ébloui par ces compétences étrangères qui ont des pieds d’argile. L’adage le dit bien : tout ce qui brille n’est pas or.
