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Edito

Les inscriptions dans le Registre national de la population sont ouvertes, alors il y a foule devant les mouqata3a ! Certaines personnes pensent qu’elles vont en sortir directement avec le pactole : cette aide directe promise par l’Etat aux populations vulnérables. D’incorrigibles «roubelards» cherchent même à trouver la faille pour contourner le système, question de réaliser une double inscription, d’obtenir une double carte comme cela a été le cas à l’ère du Ramed. Ils rêvent en couleur: le temps des micmacs et passe-droits (du moins pour ce genre de situations) est révolu ; le nouveau système est censé être étanche à ce genre de pratiques.
Ces inscriptions qui battent leur plein dans les annexes administratives sont relatives au Registre national de la population (RNP). C’est le préalable indispensable à l’établissement du Registre social unifié (RSU) qui regroupe justement la population éligible à bénéficier des programmes d’appui social. Personne ne peut figurer sur ce futur registre sans disposer d’un numéro unique dit «Identifiant Digital Civil et Social» (IDCS). C’est bien cet instrument numérique qui sert de rempart contre toute forme de fraude : le croisement des données minimise le risque d’une double inscription d’un ménage via une vérification instantanée de l’authenticité des données et ce, grâce à l’interconnexion avec les différents systèmes d’information publics.
Evidemment, quelques voix peuvent s’élever pour crier au «fichage de la population» et à l’impératif de protéger les données personnelles. Elles s’étaleront dans un post sur les réseaux sociaux pour faire le chantre de la protection de la vie privée. Paradoxalement, ils le feront trois clics après avoir, sur un site obscur, «accepter les cookies» ou «accepter les conditions générales» qui font le bonheur des spécialistes de la big-data et du maniement des métadonnées.
Elles feront mine d’ignorer que le Royaume dispose déjà d’institutions à même d’assurer cette protection pour ses citoyens, notamment la Commission nationale de contrôle de la protection des Données à Caractère Personnel (CNDP).
Il n’y a donc pas de quoi s’en faire sur la protection légale des données personnelles ou socioéconomiques recueillies. Et surtout, il ne faut pas perdre de vue la finalité de ce socle technique qu’est le duo RNP-RSU. Il s’agit de rationnaliser et rentabiliser les dépenses sociales en termes d’impact sur les plus nécessiteux. Les bénéficiaires seront mieux ciblés, la planification et le pilotage des différents programmes seront basés sur des données actualisées et fiables. Sa mise en place permettra la réingénierie d’une centaine de programmes d’appui social en cours, mais aussi le remodelage de dizaines de dépenses fiscales dites à caractère social.
L’urgence de ce projet annoncé en 2018 déjà, s’est fait sentir avec le lancement du chantier de généralisation de l’assurance maladie. Cette réforme titanesque n’est pourtant que le prélude à la généralisation de la protection sociale, dans son sens large. Le dispositif en cours de déploiement est donc une brique d’angle dans ce grand projet sociétal stratégique. Elle constitue une révolution digitale et sociale dont les répercussions se feront ressentir sur les plus démunis…