Au Royaume
Tous à Kech !
Que ceux qui veulent manifester pacifiquement le fassent et que ceux qui aiment faire la fête en jouissent. La meilleure arme contre le terrorisme est de faire comme s’il n’avait jamais existé.
Encore un attentat, encore des tués et des blessés, encore l’horreur dont des innocents ont fait les frais. Si les réactions rassurent quant à la bienveillance dont jouit le Maroc au niveau international, cette plaie à nouveau ouverte n’en manquera pas moins de se transformer en cicatrice, défigurant pour un temps l’image du Maroc. Pays à risque…
Pour le moment, on ne connaît pas encore les auteurs de l’attentat, mais il est un fait qui saute aux yeux : l’intention de nuire avant le geste du désespoir comme ce fut le cas en 2003, où des kamikazes avaient payé de leur vie, celle arrachée à autrui. Ici, c’est le crime de sang-froid, sans émotion, sans paradis promis, sans mobile apparent, ni revanche à prendre sur une vie nourrie de rancœurs envers le pays. Ici ce n’est pas la misère qui a fait le lit du désespoir, ici c’est la haine calculée, planifiée.
On ne peut se départir alors du contexte. Dans un monde arabe actuellement traversé par les soubresauts violents de l’histoire, le Maroc connaît une révolution tranquille, dans laquelle la seule arène de bataille est celle des mots : un projet de réforme de la Constitution initié par le chef de l’Etat, des consultations tous azimuts, des manifestations pour dénoncer les travers de gouvernance et les injustices, des débats intenses, des divergences exprimées au grand jour et une liberté de parole totale. En un mot, un processus démocratique pour réussir l’avancée démocratique.
C’est justement cela qui dérange. On ne veut pas que le Maroc passe entre les mailles du filet. On veut qu’il ait sa quote-part de sang et de larmes, sa ration de confrontation entre l’Etat et les citoyens, son moment de chaos. Quels que soient les auteurs de l’attentat qui a visé la place Jamaâ Elfna à Marrakech, le but était de détruire cette tranquillité.
Que fait-on dans ce cas ? On se mobilise derrière le pays. Il est malheureux de voir qu’au lendemain de l’attentat de Marrakech, des nationaux ont annulé des événements prévus dans la ville alors que des touristes maintenaient bravement leur intention d’y séjourner. Plus que jamais c’est le moment d’aller à Marrakech pour dire que le terrorisme ne passera pas. Plus que jamais il faut continuer à vivre comme avant. Que ceux qui veulent manifester pacifiquement le fassent, que ceux qui aiment faire la fête en jouissent, que ceux qui comptaient investir agissent et que l’Etat garde son attitude de pondération. La meilleure arme contre le terrorisme est de faire comme s’il n’avait jamais existé.