Au Royaume
Touche pas à ma «Spéciale»
le pjd veut augmenter la tic sur l’alcool

Dans une de ses tentatives visant à moraliser la vie publique, le PJD entend déposer auprès des élus une proposition de loi visant à augmenter la taxe intérieure de consommation (TIC) sur les boissons alcoolisées en vue d’en réduire la consommation par les Marocains. En augmentant la taxe sur les alcools, on en diminuerait la consommation par les populations à bas revenus.
Dans l’absolu, l’alcool étant nocif pour la santé, la proposition est noble. Mais il faut s’interroger à la fois sur sa portée et sur son réalisme. Dans une déclaration au quotidien Al Massae (11 mars), Lahcen Daoudi, porte-parole du parti, explique que la mesure limiterait la consommation d’alcool aux populations qui en ont les moyens et protégerait les catégories vulnérables. Il s’agit là d’une discrimination de la part du PJD qui s’inquiète de la moralité des uns pour refuser aux autres une chance d’accéder à la rédemption.
Quant au réalisme, nous serions curieux de voir ce que propose le PJD comme taux de TIC.
Un taux trop élevé ferait certes chuter la consommation d’alcool, mais pas seulement celle des «pauvres», et donc il ferait en même temps chuter drastiquement les ressources de l’Etat provenant de ce produit (774 MDH). A l’opposé un taux trop bas, se traduisant dans le commerce de détail par une hausse de 1 DH par bouteille de bière, ne résoudrait en rien le problème et rognerait davantage le pouvoir d’achat. Soyons logiques : qui achète les 650 000 bouteilles de Flag Spéciale chaque jour ? Les riches ? Certainement pas. Il faut aller voir les cohues d’acheteurs en fin de journée dans les débits de boissons. Enfin, pour un pays qui mise sur le tourisme avec sa Vision 2010, prorogée de 10 ans, il faut savoir ce que l’on veut. A défaut d’être réaliste, la proposition de loi est populiste. Combattre l’alcool nécessite à la fois un prix de vente très élevé, mais surtout une sensibilisation extrême, donc un choix économique et un effort pédagogique. Et… à la vôtre, M. Daoudi.
