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Tempête dans une pelouse

La fureur avec laquelle les réseaux sociaux se sont emparé de la désormais affaire de la pelouse du stade de Rabat fait oublier à  certains des règles de base en matière de gestion de la chose publique.

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Le fait que des milliers ou même des millions d’internautes, et encore, demandent la tête d’un ministre est une chose. Mais croire que cela est suffisant et justifié pour que le chef du gouvernement accède à la vox populi est complètement faux, voire insensé. Si sanction il y a, elle doit être dûment justifiée par la faute professionnelle et la responsabilité avérées. Ce qu’il faut encore démontrer. Les affaires et la chose publiques ne se gèrent pas sous le coup de l’émotion. Et c’est là où la classe politique en général et les partis de la majorité en particulier, à leur tête le PJD, doivent profiter de cette occasion en or, quoique malheureuse, pour ancrer encore plus dans la pratique des Marocains des notions comme l’Etat de droit, la primauté de la loi et aussi le principe qu’ils n’arrêtent pas de brandir de la responsabilité et la reddition des comptes. Le tout sur fond de transparence dans les process.

C’est d’ailleurs une démarche qui doit prévaloir pour tous les dossiers et pas seulement dans le cas d’une pelouse qui prend l’eau. Un incident qui, soit dit en passant, s’est produit et se produit dans les stades du monde entier. Les professionnels du Real Madrid sont bien placés pour le savoir et ils en ont vu des pelouses inondées même dans les plus grands stades européens. Preuve en est leur fair-play et la manière avec laquelle le club a géré le changement de stade de dernière minute sans en faire le scandale du siècle…
Autre fait qui démontre que cet incident, parce que touchant la sphère très populaire du football, comporte une charge émotive trop excessive : bien avant l’incident de la pelouse du complexe sportif de Rabat, on a vu comment, lors des intempéries qui ont frappé le Maroc, surtout dans le sud, des ouvrages d’art, des ponts, des portions de routes se sont effondrés alors que, dans beaucoup de cas, ils étaient de réalisation récente.

Au regard de la gravité des faits, parce que là il ne s’agit pas de 220 millions de DH mais de plusieurs milliards de DH et, plus grave, de pertes de vies humaines, on devrait théoriquement demander à fusiller les responsables sur la place publique sans procès.
Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et les dégâts des pluies sont encore frais pour agir. Le ministère de l’équipement pourrait commencer, par exemple, par rendre publique la liste des routes et des ponts qui ont été emportés par les eaux, des prestataires qui les ont réalisés et des responsables publics qui les ont supervisés. Pour plus de transparence, il pourrait aussi diligenter des enquêtes pour déterminer les causes et les responsabilités dans chaque cas et en informer l’opinion publique. Mais pour l’instant il semble, aux yeux de certains, que l’inondation de la pelouse du stade de Rabat est plus importante…