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Au Royaume

Surenchère

S’il est communément admis que l’on va en grève quand les discussions
sont rompues,
au Maroc, on le fait pendant les discussions.

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Médecins en grève, fonctionnaires communaux qui ne travaillent pas deux jours par semaine, «licenciés classés» qui protestent, arrêt de travail à l’appui. Il ne se passe pas une semaine sans que la Fonction publique ne soit prise en otage par des mouvements de grève. Pour ne prendre que l’exemple du corps médical, le citoyen a eu droit à 42 jours de grève en 2004 et 38 jours en 2005. Pour 2006, il est plus que probable que le même scénario se répétera.

La cause de tous ces débrayages qui n’en finissent pas ? Des demandes d’augmentation de salaire. Encore et toujours. Le Maroc est peut-être le seul pays au monde où le dialogue social dure depuis 9 ans. Neuf années au cours desquelles la masse salariale de la Fonction publique est passée de quelque 37% du Budget à 60%.

Où va-t-on ? Le fait est que l’Etat est pris aujourd’hui dans une spirale de surenchère due à deux causes. La première est que, dès le début du dialogue social, on a entrepris des négociations catégorielles (médecins, enseignants…) et, à chaque fois que l’on croyait clore le sujet pour un corps, un autre corps prenait la relève des revendications. La deuxième raison de la surenchère est que l’on assiste, depuis deux ans, à l’émergence de syndicats indépendants, en plus des syndicats traditionnels. Résultat, l’Etat doit négocier avec plusieurs partenaires et la moindre concession accordée stimule les ardeurs de l’autre.
Comment sortir de ce piège infernal ? Trois actions sont nécessaires. La première est de ponctionner les jours de grèves sur les salaires. Tant que l’on fermera les yeux sur ces «congés payés», la rémission ne sera pas possible. Aujourd’hui, certains médecins en arrivent à souhaiter qu’il y ait grève pour aller arrondir leurs fins de mois au sein du privé. C’est bien entendu, et comme toujours, le citoyen qui s’acquitte de ses impôts pour payer les fonctionnaires qui trinque.

Deuxième action, sortir au plus vite la loi organique sur la grève. S’il est communément admis que l’on va en grève quand les discussions sont rompues, au Maroc, des fonctionnaires se mettent en arrêt de travail avant, pendant et après les discussions. Enfin, troisième action, remettre à plat le système des négociations. Comme cela se passe dans les autres pays, les augmentations dans la Fonction publique sont globales, justifiées par des éléments concrets (inflation, par exemple) et font l’objet de conventions pluriannuelles. Faute de quoi, on sera encore, en 2010, en train de négocier…