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Au Royaume

Siba et impunité

Le squat de propriétés privées est devenu un sport national, l’incivisme se répand, des individus défient en toute impunité la loi et se présentent comme victimes… beaucoup de marocains confondent droits de l’homme, liberté et anarchie.

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saad benmansour 2012 10 12

Les récents évènements de Tanger et de Sidi Ifni nous interpellent à plusieurs niveaux.

Tout d’abord, jusqu’à quand des individus ou des groupes d’individus peuvent-ils profiter d’une conjoncture économique difficile et des effets du printemps arabe pour agresser les forces de l’ordre et continuer à défier la loi ? L’impossibilité de procéder à l’exécution des jugements d’évacuation des maisons et des terrains occupés sans aucun droit de propriété est monnaie courante. Les magistrats vous le diront : les tribunaux regorgent d’affaires de ce genre. En plus du refus d’obtempérer, nous avons droit à des mises en scène de plus en plus dramatiques entre des personnes qui menacent de s’immoler par le feu et d’autres qui crient à l’injustice en défiant les autorités avec des armes blanches. Ces magistrats sont obligés de procéder avec beaucoup de doigté, variant entre la dissuasion et la négociation, pour contraindre des personnes complètement hors la loi à évacuer des terrains dont les vrais propriétaires sont obligés de débourser des sommes importantes juste pour reprendre possession de leurs biens.

Et cette propension de certains, pour ne pas dire une majorité, à défier la règle de droit et à se présenter en victimes pour revendiquer ce qui légalement ne leur revient pas devient dangereuse quand elle menace sérieusement la marche de l’économie. La difficulté d’appliquer ou de faire appliquer la loi peut s’avérer fatale aux investissements. Car, comment peut-on demander aux investisseurs et aux hommes d’affaires de prendre le risque, de créer de la richesse et des emplois quand l’arsenal juridique que le Maroc a mis du temps à mettre en place est inefficace faute d’application ferme des jugements prononcés ? Il est temps de sévir et de donner l’exemple ! Les jugements doivent être appliqués et les forces de l’ordre qui sont là pour protéger et garder la paix dans la société doivent être respectés. Dura lex sed lex. La justice est aveugle car elle s’applique à tous et indépendamment de la conjoncture.

L’état de nos rues envahies de force par des marchands ambulants, le phénomène du squat des propriétés privées devenu un sport national, l’incivisme qui se répand, des usagers de la route qui défient en toute impunité le code…, tout cela converge vers un constat : beaucoup de Marocains confondent, volontairement ou involontairement, les droits de l’Homme, la liberté et l’anarchie.