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Au Royaume

Sellek !

Les représentants de l’Etat n’agissent pas de manière professionnelle face aux citoyens et ces derniers le leur rendent bien en cherchant par tous les moyens à  se soustraire à  leur devoir.

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En dépit des grandes avancées en matière de droits de l’homme et d’une réforme de son arsenal juridique, le Maroc reste marqué par une conception de l’autorité basée sur des rapports dominant/dominé. Cet état de fait trouve son exacerbation dans la large campagne de contrôle routier entamée il y a deux mois. L’intention est bonne, excellente même. Elle vise à  faire respecter la loi et à  réduire les accidents de la circulation. Mais il y a l’art et la manière. Illustration.
Lundi 1er août, 16 heures. Une automobiliste grille un feu orange. Le policier en faction l’arrête, lui demande ses papiers, les vérifie, en retire le permis et lance, sans autre forme : «6e arrondissement !». Il tourne ensuite le dos et s’en va vaquer à  ses occupations. Il a fallu que l’automobiliste le poursuive pour qu’il daigne (le mot n’est pas trop fort) lui expliquer quel type d’infraction elle avait commis, et comment régler l’amende. Toujours à  propos de la campagne en cours, nombreux sont ceux qui, avant même toute discussion, sont agressés verbalement par les agents de police pour avoir commis une infraction.
Comment ça se passe ailleurs ? Le policier commence par saluer, annonce d’emblée le type d’infraction commise, demande les papiers, précise le montant de l’amende à  payer, remet un certificat de retrait de permis, ou, éventuellement, encaisse le dû. Le tout sans que l’automobiliste ne descende de sa voiture.
Quelle différence entre les deux situations ? Dans la première, le citoyen quémande une information à  laquelle il a pourtant droit, se met en position de faiblesse et finit par protester ou par négocier. Il s’ensuit des rapports d’agressivité ou de familiarité. L’un et l’autre sont préjudiciables. Soit on tombe dans le scénario de la corruption, soit encore dans la frustration d’un citoyen qui ressent de l’injustice. En revanche, dans la seconde situation, les choses sont claires dès le départ, l’information est disponible et le recours connu. Le policier est dans son rôle, celui de faire respecter la loi et non pas d’humilier les citoyens. L’automobiliste fait face à  une obligation, celle de payer l’Etat pour avoir enfreint cette loi.
Ces exemples d’abus, de comportement mal placés peuvent être multipliés à  l’infini. Les représentants de l’Etat n’agissent pas de manière professionnelle face aux citoyens et ces derniers le leur rendent bien en cherchant par tous les moyens à  se soustraire à  leur devoir. Le nouveau concept d’autorité existe sur le papierÂ… pas encore dans les mentalités. Tant que nous serons dans la logique de «sellek», nous resterons des «sous-dév’»

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