Sécurité routière : La route ne sera jamais sûre sans une implication globale

On peut parfaitement disposer des meilleures chaussées au monde, d’un code de la route performant, des caméras partout… Mais sans un usager responsable et conscient, le carnage routier n’est pas près de s’arrêter.

Cela fait des années déjà que le Maroc a courageusement adopté la lutte contre certains phénomènes sociaux comme la pauvreté, les bidonvilles et l’habitat insalubre … Mais s’il y a bien un secteur où toutes les politiques s’avèrent presque inefficaces, c’est bien celui de la sécurité routière. Et ce n’est pas faute de l’implication de nombreux acteurs publics et privés. Les plans de prévention, les stratégies de sensibilisation ne se comptent plus…Ils ont été mis en place, reconduits, améliorés… Mais malheureusement les accidents de la route chez nous se font toujours aussi nombreux, emportant sur leur passage des vies et causant des drames familiaux…
Quant au coût socioéconomique des accidents, il est estimé à 1,7% du PIB, soit 19,5MMDH. Même si l’année 2020 avait enregistré une baisse du nombre des victimes et des accidents, en raison de la pandémie, ainsi que les trois mois de confinement. En effet, le nombre de morts en 2020 a baissé de 17%, passant de 3.622 en 2019 à 3.005 en 2020. Lors de l’année 2022, 3.201 décès ont été enregistrés, un chiffre en baisse de 6,84%. Bien sûr, cette hémorragie routière n’est pas le propre du Maroc, plusieurs pays en souffrent, ceux à revenu faible et intermédiaire plus que ceux plus développés. Au niveau mondial, les accidents de la circulation causent chaque année près de 1,3 million de décès qui pourraient être évités, sans parler des traumatismes estimés à 50 millions selon un décompte de l’OMS. Reconnaissant l’importance du problème et la nécessité d’agir, les gouvernements du monde entier ont proclamé à l’unanimité la période 2021-2030 deuxième Décennie d’action pour la sécurité routière, par la résolution 74/299 de l’Assemblée générale des Nations unies, avec pour objectif clair de réduire d’au moins 50 % le nombre de morts et de blessés sur les routes pendant cette période.

Lancement de l’opération radars fixes…
Au Maroc, dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de la sécurité routière 2017-2026, un nouveau plan ambitieux a été présenté le 17 janvier 2022. Il a été élaboré après l’analyse de l’état des lieux des accidents de la circulation, en fonction des espaces et des causes principales et suite à la délimitation des tronçons et axes routiers accidentogènes. L’opérationnalisation de ce plan national sera actée sous la supervision d’une commission centrale de commandement et d’orientation épaulée par des commissions régionales implantées dans chaque région du Royaume. En même temps, il a été procédé au lancement officiel de l’opération Radars fixes avec l’installation
de radars de nouvelle génération dans les différentes régions du Royaume. Ces nouveaux radars vont compléter plus d’une centaine appareils déjà existants. Parmi ces radars on trouve des appareils de contrôle de la vitesse moyenne au niveau des autoroutes, d’autres appareils de contrôle de vitesse hors périmètres urbains et d’autres encore de contrôle du respect des feux de signalisation et de la vitesse dans les périmètres urbains.
En fait, malgré ce déploiement, a priori consistant, la vérité c’est que nous sommes tous responsables de la sécurité routière. Ce serait vraiment injuste de tout mettre sur le dos de l’impraticabilité des routes, le laxisme des agents de la circulation, des centres de contrôle, l’état de la mécanique, etc. Le comportement de tout un chacun: automobiliste, piéton, et n’importe quel autre usager de la route sont responsables. On connaît très bien les chiffres catastrophiques des victimes des accidents de la circulation dans notre pays. Même avec un code de la route très sévère, rien n’y fait.

L’usager incivique n’a pas de profil déterminé
C’est dire à quel point les gens ont du mal à changer de comportement sur les routes. C’est comme s’ils ne faisaient pas de lien entre leur attitude et ce qui en résulte sur les routes. Certes, avec d’autres acteurs impliqués dans la même mission, la Narsa prépare la stratégie de communication globale de la sécurité routière et des plans de communication qu’elle met en œuvre. L’agence assure les relations avec l’ensemble des médias et organise des campagnes, des manifestations…, avec pour objectif d’alerter au maximum les usagers de la route sur les risques liés à leur inattention. Pour rappel, il y a près de six années, une stratégie avait déterminé 5 priorités, à savoir les piétons, les deux-roues, les enfants de moins de 14 ans, les accidents impliquant un seul véhicule et les professionnels des poids lourds. A travers cette stratégie, le ministère s’était fixé comme objectif de ramener le nombre de décès à 1.900 à l’horizon 2025, en réalisant ainsi une baisse de 50% sur une décennie. On voit bien qu’il va falloir patienter pour y arriver. Il est vrai qu’on n’est pas assez impliqué. Cela tout en sachant que l’usager incivique n’a pas de profil déterminé. Il peut être un cadre au volant d’une grosse cylindrée, instruit et censé donner l’exemple, chauffeur de taxi sillonnant les artères de la ville à longueur de journée, motocyclistes, piétons… On n’insistera jamais assez là-dessus, c’est l’élément humain qui représente le gros du problème. Et tant que les gens ne changeront pas de comportement sur la route, la situation restera la même. On peut parfaitement disposer des meilleures chaussées au monde, d’un code de la route des plus performants et une présence permanente d’agents de circulation, des caméras partout…. Mais sans un usager responsable et conscient, le carnage routier n’est pas près d’arrêter.