Au Royaume
Se réinventer
Comment tirer profit des «trêves» pendant lesquelles sont appliquées les mesures de protection commerciales, afin de se muscler et pouvoir faire face à des économies de plus en plus agressives ?
Le Maroc vient de faire appel d’une décision de l’OMC favorable à la Turquie au sujet de l’acier laminé à chaud. L’affaire est au cœur d’un débat économique mettant sur le devant de la scène la question de défense commerciale dans sa globalité. Le Maroc est une économie ouverte, ceci est un fait avéré, découlant d’un choix stratégique. Mais ce choix n’est guère contradictoire avec son droit de défendre son économie, surtout face à des pratiques anti-concurrentielles, émanant de la part de pays avec lesquels il a conclu des accords de libre-échange.
Parallèlement à la question portant sur le degré de technicité avec lequel des ALE ont été conclus et de l’opportunité d’en réviser certains, celle de la capacité de l’économie marocaine à se réinventer dans un contexte résolument ouvert se pose également. Comment tirer profit des «trêves» pendant lesquelles sont appliquées les mesures de protection commerciales, afin de se muscler et pouvoir faire face à des économies de plus en plus agressives ? Sans parler de la nécessité d’identifier de nouveaux leviers de croissance et de leurs gisements. Car ces moments de trêves, quand bien même ils pourraient être prorogés, permettent juste de gagner un peu de temps et ne sauraient se renouveler éternellement.
Des pays très développés comme les Etats-Unis sont des champions du protectionnisme, mais ils le sont également en matière de recherche et développement, avec chaque année des quantités impressionnantes de brevets déposés. Combien en déposent les entreprises marocaines pour leur part? Combien investissent-elles en la matière ? Quelle est leur stratégie pour améliorer leur compétitivité face à des concurrents féroces ? Quid de la formation continue ?
La question de défense commerciale ne peut être étudiée en négligeant les questions citées plus haut. Les éluder équivaut à rester amorphes dans une course contre la montre. Pour ne pas dire le coup de sifflet final.