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Santé mentale au Maroc : Un long chemin à  parcourir malgré les grandes réalisations

Le Maroc célèbre, à  l’instar des autres pays du monde, le 10 octobre de chaque année la Journée mondiale de la santé mentale, l’occasion de dresser le bilan des réalisations accomplies pour mettre en place les moyens et les infrastructures nécessaires afin de relever le défi de répondre aux besoins nécessaires et urgents des personnes atteintes de maladies mentales.

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Sante mentale au Maroc 2015 10 09

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « le bien-être mental est une composante essentielle de la définition de la santé. Mais il reste à l’échelle mondiale un long chemin à parcourir pour lui donner toute sa place. Il convient d’inverser de nombreuses tendances fâcheuses – les services et les soins de santé mentale trop souvent négligés, les violations des droits humains ou la discrimination dont sont victimes les personnes atteintes de troubles mentaux ou de handicaps psychosociaux ».

D’après l’OMS, 400 millions de personnes sont atteintes de troubles mentaux ou neurologiques ou souffrent de problèmes psychosociaux, associés notamment à l’alcoolisme ou à la toxicomanie, précisant que la dépression constitue actuellement la cinquième cause de mortalité et de handicap dans le monde et devrait atteindre la deuxième place d’ici 2020.

Au Maroc, d’importants efforts ont été déployés par le ministère de la Santé pour ériger au rang de priorité la santé mentale à travers la construction de trois hôpitaux psychiatriques régionaux et atteindre ainsi le nombre de 3.400 lits au lieu de 2.453 lits existants actuellement.

Tout au long des dix dernière années, le ministère de la Santé a adopté un éventail de réformes, notamment la décentralisation des centres de soins, l’intégration des soins de santé mentale dans les soins de santé de base, l’amélioration de l’accès aux soins par l’orientation vers une psychiatrie communautaire et de proximité.

L’objectif n’est autre que réduire les problèmes d’accessibilité et de continuité des soins et du déficit en ressources humaines et en infrastructures. 

La politique du ministère va de pair avec les recommandations du rapport du Conseil National des Droits de l’Homme relatif à la santé mentale et qui a fait état des anomalies se rapportant essentiellement à « la qualité des prestations médicales et non médicales fournies aux patients, aux conditions d’hospitalisation et à l’absence d’une prise en charge spéciale aux franges des enfants, des mineurs, des personnes âgées et des délinquants ».

Le ministère de la Santé a adopté, à cet égard, le Plan national de santé mentale 2012-2016 axé notamment sur la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux, le dépistage, le diagnostic précoce et le traitement des troubles psychiatriques en hospitalier et en ambulatoire, la réhabilitation et la lutte contre l’ostracisme et la stigmatisation de la maladie mentale et le partenariat et la multi-sectorialité.

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’initiative « Karama » (dignité) qui a mis fin aux violations commises envers les malades mentaux pensionnaires du Mausolée Bouya Omar où ils vivaient dans des conditions dramatiques, lamentables et inhumaines. Dans le cadre de cette initiative humaine mise en place par le ministère en partenariat avec les parties concernées, il a été procédé au transfert des pensionnaires du mausolée aux hôpitaux et aux services de santé pour les prendre en charge gratuitement, faire le suivi de leur état de santé et apporter le soutien psychique et moral à leurs familles jusqu’à ce que leur état de santé se stabilise et qu’ils puissent réintégrer leur milieu social s’ils le souhaitent.

Toutefois, un long chemin reste encore à parcourir pour donner à la santé mentale sa place dans les programmes de mise à niveau des infrastructures liées au secteur de la santé. Ceci nécessite une mise à niveau en matière de services de santé et la création de nouvelles structures de soins et de prise en charge selon un cadre normatif, la mise à disposition de ressources humaines formées et en nombre suffisant, le renforcement des capacités de gestion et de coordination à tous les niveaux d’intervention et la collaboration intersectorielle, outre le partenariat avec la société civile.

Dans ce contexte, une législation sur la santé mentale est nécessaire pour protéger les droits des personnes atteintes de troubles mentaux qui constituent un groupe vulnérable de la société, ces derniers sont confrontés à la stigmatisation, à la discrimination et à la marginalisation dans toutes les sociétés, ce qui accroît les risques de violation de leurs droits humains.