Au Royaume
RNI : programme, candidats et alliances
• En matière d’alliance, il n’y a pas de lignes rouges.
• Pour ce qui est des candidatures, 90% des circonscriptions sont déjà tranchés et il y aura beaucoup de jeunes et de femmes candidats.

Le RNI est l’un des rares partis, à avoir investi le terrain depuis des années. Aujourd’hui, il récolte déjà les fruits de cette stratégie. Quatre mois nous séparent des prochaines échéances et la formation est déjà prête pour affronter les urnes. «Depuis cinq ans que nous travaillons sur le terrain, les gens nous prenaient souvent pour des lièvres de course. Ils croyaient que nous allions finir par nous fatiguer et que d’autres prendraient la relève. Or ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, nous sommes prêts», affirme en ce sens le président du parti lors d’une rencontre organisée récemment par la Fondation Lafquih Tetouani. Il est facile à comprendre que si le parti est attaqué de toute part avec autant d’acharnement, de véhémence et de virulence, c’est qu’il est sur la bonne voie. «Tout cela est de bonne guerre, c’est le prix à payer quand on veut faire de la politique autrement et qu’on s’intéresse pour de vrai au sort des citoyens. Mais ce que nous n’accepterons pas, ce sont des attaques personnelles. Et là, nous avons décidé de dorénavant nous, c’est-à-dire toutes les instances et organisations parallèles du parti, allons riposter. Et ce sera devant la justice», prévient Aziz Akhannouch. De toutes les manières, poursuit-il, «tout ce brouillage et cette nervosité politique à la veille des élections prouvent que nous sommes sur le bon chemin et nous encourage à aller encore plus de l’avant». La réalité est que depuis près de cinq ans le RNI travaille sur le terrain. Il est en contact direct avec les citoyens avec qui il a pu tisser de bonnes relations à travers le pays. En effet, en cinq ans, le RNI a entrepris des consultations directes avec les citoyens, les différentes initiatives qu’il a entreprises en ce sens lui ont permis de toucher directement près de 300 000 personnes. «Cette consultation est toujours en cours, nous continuons de recueillir le feed-back des citoyens sur les actions que nous avons entreprises», affirme le président du parti. C’est une démarche qui lui a permis non seulement de perfectionner son programme, mais également de recruter de bons candidats pour les prochaines élections. Ainsi, selon Aziz Akhannouch, le RNI a pu dénicher des élites en lesquelles il peut avoir confiance et qui peuvent également avoir la confiance des citoyens et surtout qui peuvent assumer la charge de les servir. «Ce sont ces élites que nous allons présenter comme candidats». D’ailleurs le RNI n’est pas le seul qui est actuellement en phase de recrutement. Tous les autres partis cherchent des candidats potentiels qui peuvent leur garantir un siège au Parlement. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le RNI fait face à tant de brouillage et de nervosité, quand les autres formations, pas toutes bien sûr, ont décidé de recruter des candidats, elles ont constaté que les meilleurs profils étaient déjà pris.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, alors que nous sommes encore à plusieurs mois du scrutin, pour les législatives, le parti a déjà tranché dans 90% des circonscriptions et les candidatures sont définitivement arrêtées. Ainsi, le RNI prévoit de présenter beaucoup de jeunes et de femmes. A Ouarzazat et Benslimane par exemple, ce sont deux jeunes qui vont être présentés comme tête de liste. En gros, les 24 membres du bureau exécutif de la jeunesse vont tous se présenter aux élections. Plus de la moitié des membres du bureau politique, en plus du président, vont également se présenter. Pour ce qui est du profil des candidats, «entre 85% et 90% de nos candidats sont des commerçants, des entrepreneurs, des fonctions libérales, des cadres et des ingénieurs. Pour ce qui est des transfuges, leur nombre reste limité. Ceux-ci proviennent d’autres partis dans lesquels ils ne se retrouvent plus. Ils représentent entre 5 et 10%», précise le président.
Plus encore, le parti a déjà lancé un programme de formation pour quelque 30 000 candidats aux différents scrutins dans le cadre de la RNI-Academy. Cela dit, la formation a connu également certains départs. En cela, elle ne fait pas l’exception, mais ces départs restent limités. «Peu de gens sont effectivement partis. Et là où il y a eu des départs, le parti a beaucoup de chance d’y remporter des sièges. Nous avons de très bons candidats, peut-être bien meilleurs que ceux qui sont partis. Nous n’avons rien à craindre de ce côté», souligne M. Akhannouch.
Pour ce qui est des futures alliances, le RNI est catégorique : Il n’y a pas de lignes rouges. «On ne peut pas s’aventurer à affirmer qu’avec tel ou tel parti on ne peut pas s’allier et que demain on se retrouve main dans la main», affirme le président. Ce serait d’ailleurs malhonnête. Or, sur ce point, le RNI est clair. Pour l’intérêt du pays, il est disposé à s’allier avec tous les partis nationalistes. «Par contre, il est difficile de se retrouver dans un même camp avec des gens qui ont deux facettes et qui jouent sur plusieurs cordes», nuance-t-il.
Le premier responsable du RNI fait ici allusion, sans doute, au PJD qui, pendant ses deux mandats au gouvernement, a toujours joué sur deux cordes. Il a été à la fois dans la majorité et dans l’opposition. «Cette situation nous a affectés au sein de la majorité et va certainement influer sur nos décisions dans l’avenir», affirme M. Akhannouch. D’une manière générale, le parti estime que les alliances entre des partis issus des horizons diamétralement opposés, l’extrême droite avec l’extrême gauche, sont des alliances stériles et contreproductives. Il faut une certaine cohésion logique dans une alliance. Or, étant un parti centriste, le RNI peut très bien s’accorder avec un parti de gauche comme avec une formation de droite, avec toutefois un penchement prononcé pour la social-démocratie. Cela dit, comme l’assure le président, on ne peut pas parler d’une alliance avant les élections. De même qu’il faut un certain nombre de prérequis. «Il faut d’abord que nos futurs alliés partagent les mêmes valeurs que nous», souligne-t-il. Un minimum d’entente sur le programme est également exigé. «Il faut aussi que le socle du programme soit proche». Autre condition, le RNI exige la loyauté de ses futurs alliés. «Un parti loyal sur lequel on peut compter et un parti qui va proposer des compétences pour occuper les postes ministériels», explique son président.
Pour ce qui est de son programmé électoral, il sera dévoilé dans un mois ou un mois et demi. C’est un programme à forte tendance sociale. «Notre programme comporte des initiatives sociales très ambitieuses que nous allons veiller à concrétiser sur le terrain». Dans l’après-élections, il y a deux volets. L’après-Covid-19 avec des mesures immédiates et le programme gouvernemental à proprement parler et qui va s’étaler sur toute la durée du mandat. Le premier problème, l’emploi : 600 000 postes ont été détruits par la pandémie. A cela s’ajoutent des dizaines de milliers de nouveaux demandeurs d’emplois qui arrivent sur le marché chaque année et qui vont rester dans la file d’attente. Mais le parti a une vision pour faire face à cette situation. Après cette étape de l’après-Covid, il y a le développement du pays auquel il faut s’atteler. «Il y aura sûrement des priorités et donc des arbitrages à faire», conclut le président. Cela dit, une partie du programme du parti se trouve déjà dans «La voie de la confiance», un document publié il y a plus de deux ans. Pour les élections locales, l’essentiel du programme sera tiré «La voie des villes», fruit de son programme de communication «100 jours, 100 villes».
