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Réformer les mentalités

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La justice va toujours mal, mais la justice va mieux. Elle est en train de changer. L’exemple des tribunaux de commerce est venu montrer à quel point, avec peu de moyens et beaucoup de bonne volonté, on arrive à éliminer un grand nombre de dysfonctionnements qui entravent la bonne marche de la machine. Malheureusement, l’adaptation des textes ne suit pas à temps. Le système finit par être alourdi par de nouvelles tares, ou encore les réformes sont incomplètes et l’on se retrouve avec un fonctionnement hybride où les méthodes archaïques sont simplement «habillées» de modernité. On constate ainsi que la célérité des jugements est retardée par les procédures de notification et d’exécution, que l’on peut accéder à des dossiers en ligne alors que les jugements sont toujours tapés à la machine ; on regrette que le Code de commerce parle de redressement judiciaire mais qu’il n’existe pas de garde-fou contre les abus.
Tout cela, bien entendu, nécessite des ajustements qui sont loin d’être impossibles. Ils doivent cependant être rapidement mis en oeuvre pour ne pas voir la dynamique s’essoufler et pour éviter que les demi-mesures ne génèrent d’autres problèmes.
Mais il est un autre ajustement qui est bien plus compliqué et pour lequel les textes, aussi perfectionnés soitent-ils, ne peuvent rien : la réforme des mentalités.
Comment faire en sorte que le citoyen, qui «n’est pas censé ignorer la loi» – mais qui, de fait, n’y connaît rien parce que tout le monde ne peut être juriste -, ne soit plus victime d’abus et n’ait plus à supplier, à écrire en vain, à chercher un piston ni à soudoyer quiconque pour obtenir un droit ?
Comment faire pour que des corps de métier, par esprit corporatiste, n’oublient pas la noble mission dont ils ont la charge en cas de conflit entre un simple citoyen et un de leurs confrères ?
Comment faire pour que ce monsieur Lambda, qui a un jour affaire à la justice, ne soit pas perdu dans les dédales des tribunaux à la recherche d’une information qu’un fonctionnaire lui délivrera au compte-gouttes en lui laissant la désagréable impression d’être un quémandeur ?
La réforme de la justice c’est également cela, ces «petits pépins» qui poussent beaucoup de Marocains à renoncer à leur droit parce qu’ils sont convaincus à l’avance que leur combat est vain

Comment faire en sorte que le citoyen, qui «n’est pas censé ignorer la loi», mais qui, de fait, n’y connaît rien, ne soit pas victime d’abus et n’ait plus à supplier, à écrire en vain, à chercher un «piston» ni à soudoyer quiconque pour obtenir un droit ?