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Ras-le-bol

Il est inconcevable que
les grévistes sévissent par
la terreur et les menaces contre ceux qui veulent travailler et que l’Etat laisse faire.

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Encore une fois, le projet de nouveau Code de la route pose problème. Cette fois-ci le mouvement est mené par les grands taxis auxquels se joignent des transporteurs indépendants. Que demandent-ils ? Tout simplement l’anarchie ou son maintien. Pas de peine de prison pour homicide lorsque le conducteur est fautif, alors même que la sanction existe dans l’actuel code, pas de port de ceinture, pas de formation, pas de limitation des places ou du chargement, pas d’augmentation de prix des amendes, pas de permis à points, rien ne doit changer. Ils veulent le droit de continuer à travailler comme bon leur semble, à vivre dans un système fait d’arrangements avec la loi. Qui peut accepter cela ? Aucune personne sensée. Et c’est bien pourquoi, après avoir  substantiellement réduit la sévérité du texte, la Chambre des représentants a bel et bien validé le projet, en veillant à lui conserver son âme.
La grève actuelle se justifie-t-elle ? Bien entendu non. Si, en 2007, les trois mois de débrayage qui ont pratiquement paralysé le pays servaient une cause plus ou moins juste, celle d’adapter le texte au contexte, les perturbations que connaît le Maroc aujourd’hui sont un non-sens et surtout présentent un danger, celui d’une escalade, mue par d’autres objectifs : ceux de la surenchère politique.
Il est malheureux de constater que des élus, dont le parti est à l’opposition et qui avait fait accepter tous ces amendements, au niveau de la première Chambre, monte au créneau pour dénoncer le projet. Il est incohérent que des responsables syndicaux qui ont négocié le mémorandum d’entente, en juin 2007, soient frappés d’amnésie et reviennent à la charge alors que leurs revendications professionnelles ont été prises en compte. Il est encore étonnant de constater que des syndicats ou des organisations naissent comme s’il en pleuvait juste pour protester contre une loi tentant de pallier le problème de la dizaine de morts et des centaines de blessés quotidiens que créent les accidents de la route. Enfin, il est incompréhensible de voir que les grévistes menacent, bloquent et agressent ceux qui veulent travailler sans que l’autorité ne cherche à protéger ces derniers.
La grève est un droit. Le droit au travail également. Chacun doit prendre ses responsabilités. Les partis en cadrant l’action de leurs représentants, les syndicats en faisant preuve de vision, le Parlement en canalisant les doléances et les pouvoirs publics en évitant que l’anarchie s’installe sous couvert de défense de l’anarchie justement. Un comble.