Au Royaume
Rachid Harrandou, DG de Netpeas
Il fait un parcours sans faute dans les technologies de l’information. Ingénieur de formation, Rachid Harrandou a travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de la 3G et des terminaux low cost.

Rachid Harrandou, PDG de Netpeas, n’a aucun complexe par rapport à son nom de famille. Mieux encore, cela le fait sourire et il a ce commentaire : «Cela ne me gêne absolument pas et je ne songe pas à le changer car il fait partie je dirais de mon héritage et de mon patrimoine». Né à Mohammédia en 1974, cet homme brillant est l’aîné d’une famille de quatre enfants. A juste un an, il se retrouve en France dans un quartier dortoir de Rouen où travaillait son père, regroupement familial oblige. Pour qui connaît le quotidien des MRE, toutes les chances n’étaient pas de son côté. En effet, beaucoup d’enfants d’immigrés rêvent au mieux de devenir ouvriers spécialisés quand ils ne sombrent pas précocement dans le trafic de drogue ou l’économie parallèle. Il a d’ailleurs failli devenir un gagne-petit après avoir obtenu un bac «E» en 1992 avec mention «Bien», et ce n’est qu’après un DUT à Evreux qu’il commence à nourrir l’idée de devenir ingénieur.
En 1994, il présente alors un dossier de candidature à l’Ecole spéciale de mécanique et d’électricité, une école d’ingénieurs qui exigeait que l’on fasse partie des meilleurs élèves pour y accéder. Rachid Harrandou consacre sa dernière année à la microélectronique et, en 1998, va faire un stage chez Texas instruments, filiale française du groupe américain éponyme installée à Nice. Mais c’est une autre entreprise américaine qui cherche à le recruter. Elle lui envoie même un billet d’avion pour l’entretien. Texas instruments qui a eu vent de la proposition va lui faire une offre attrayante pour le garder. Rachid Harrandou y répond favorablement. C’est le début d’un parcours exemplaire d’un «enfant des cités».
Il s’est construit grâce à ses séjours dans des pays de cultures différentes
Quand il se rappelle de cette période, il a cette réflexion : «Je dois dire que ce fut un plaisir d’être sollicité par des entreprises de technologie pointue, moi le fils d’immigré qui a dû emprunter 3 000 euros pour financer ses études et qui a fait des petits boulots pour joindre les deux bouts». Bref, il a opposé un démenti cinglant à la fatalité.
Rachid Harrandou est recruté pour un salaire équivalent à 1 200 euros à l’époque. Toutefois, son employeur ne lui assigne aucune tâche. Il l’envoie passer des stages dans différentes filiales, en Angleterre, en Allemagne et, bien sûr, à Dallas où se trouve le siège du groupe. Une fois qu’il a développé ses connaissances, Rachid devient développeur, et aura la chance de faire partie de la première équipe de la société américaine qui travaillera sur la technologie 3G qui en était à ses balbutiements. Comme un des managers d’un des aspects du projet, il est resté aux Etats-Unis jusqu’en 2004 pour continuer à travailler sur la 3G, mais la même année il est redéployé à Nice pour conduire un projet de téléphones low cost. En effet, de grands spécialistes des terminaux comme Motorola ou Sony Ericsson avaient compris qu’il fallait concevoir des terminaux à l’adresse des pays émergents où la demande commençait à poindre mais le pouvoir d’achat étant ce qu’il est dans ces contrées, il fallait imaginer des produits adaptés. Inutile de dire que Rachid Harrandou sillonnait le monde et devait se trouver au moins une fois par mois en Chine pour suivre les différentes étapes de la construction des «petits bijoux». Il se rappelle qu’un des produits représentait un revenu de 200 millions de dollars. Cette expérience dans ce groupe américain et ses différents séjours dans des pays de cultures différentes lui seront très bénéfiques.
Il exporte déjà ses solutions en Afrique et au Moyen-Orient
Fin 2009, Rachid Harrandou décide de rentrer au pays et son employeur, qui commençait à dégraisser, lui propose un bon pécule. Il commence à échafauder son projet de créer sa propre entreprise. Il choisit, avec un associé, de travailler sur la sécurité des systèmes d’information. Le produit est un monitor pour gérer la vulnérabilité des systèmes d’information. La société Netpeas est créée, avec le capital minimal de 10 000 DH. Il était persuadé comme le lui avaient rabâché plusieurs responsables politiques que les banques allaient financer 70% du projet. Erreur, car il va cavaler des mois durant entre plusieurs grosses banques nationales pour s’entendre dire : «Oui, mais on ne peut pas financer de la matière grise, il nous faut des garanties comme des machines ou des murs». Ce n’est que le jour où Sherpa finance club, créé par Saham group, a vent du projet que la galère prend fin. Par le biais du Fonds Dayam, il lui avance 4 MDH contre une prise de participation de 40% du capital. Il a fallu une année pour sortir de l’ornière. Le chiffre d’affaires n’était que de 250 000 DH en 2010, au premier exercice. En 2011, il est monté à 1,5 MDH et ce n’est qu’un début car déjà quelques contrats ont été réalisés même à l’extérieur du pays, en Côte d’Ivoire et en Arabie Saoudite entre autres. Ce sont de petits contrats de 300 000 à 600 000 DH pour des solutions adaptées. Mais la solution globale que propose Netpeas, un abonnement de surveillance de la vulnérabilité, est déclinée à 100 000 DH. Et la jeune entreprise voit grand et commence à recruter des revendeurs en Amérique Latine et au Moyen-Orient. Un début prometteur.
