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Au Royaume

Quelles villes voulons-nous ?

Il ressort du dernier recensement de 2014 que 60% des Marocains sont urbains. Il y a 40 ans, en 1976, ils étaient à peine 38%. La tendance va inévitablement s’accélérer dans les années à venir.

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Edito Saad Benmansour

Selon les projections les plus scientifiques du HCP, en 2050, près de 70% des Marocains seront des citadins. C’est dire que nos villes seront davantage surpeuplées. Et les responsables en charge de la planification le savent.

Si nos villes, à quelques rares exceptions près, ne sont pas forcément aujourd’hui des modèles réussis en matière de planification urbanistique c’est justement parce qu’elles n’ont pas été pensées et suffisamment préparées quand il était encore temps, dans les années 60 et 70 du siècle dernier, pour accueillir les surplus de population, pourtant prévisibles. C’est dire aussi que continuer à gérer et planifier nos villes comme on l’a fait jusque-là reviendrait à en faire de véritables freins au développement alors que paradoxalement elles devraient être des locomotives.

Aujourd’hui, c’est d’une véritable rupture en matière de planification et de gestion urbaine que nos villes ont besoin. Une rupture d’abord au niveau des référentiels et des grilles d’analyse. Quand ils parlent des problématiques d’urbanisation, nos responsables, nos technocrates, nos élus réduisent très souvent la question à sa dimension spatiale qui renvoie bien entendu à l’éternelle problématique du foncier et de sa rareté surtout. Or, il existe à travers le monde des villes sur des territoires bien moins étendus que celui de Casablanca, par exemple, et qui ne sont pas favorisées par la nature, parfois dans des mouchoirs de poche, avec des densités d’habitants et de voitures bien plus importantes mais qui sont de véritables cités où il fait bon vivre. L’obsession du foncier chez nos gestionnaires urbains s’explique probablement par le souci du logement d’abord. Certes, l’habitat est l’élément de base, mais une ville ne se réduit plus à de l’habitat, de la voirie, des égouts et autres équipements publics de base comme les parkings, les écoles, les hôpitaux… Il est incontestable que beaucoup de nos villes ont besoin d’être mises à niveau pour atteindre déjà ce minimum vital, mais cela ne doit pas empêcher de penser les nouvelles extensions avec des schémas nouveaux. Il ne sert à rien d’avoir de l’espace si on est incapable de bien le gérer. Les besoins des Marocains d’aujourd’hui et a fortiori ceux des générations futures ne sont plus à des niveaux aussi élémentaires. Les citadins marocains sont aussi à la recherche d’une qualité et d’un cadre de vie meilleurs, au-delà des basiques qui vont de soi. Des jardins publics, de la verdure, des musées, des théâtres, des cinémas, des parcs de jeux et de loisirs, des galeries d’art…, bref des espaces d’épanouissement.

Dans quelques années, 70% de notre capital humain, notre force de frappe, sera dans les villes. Peut-on raisonnablement attendre de la productivité, de la créativité, du développement d’une population qui n’est pas épanouie ?