Au Royaume
Première femme à la tête de L’Oréal Maroc
Laila Benjelloun est rentrée à l’Oréal en 2000 comme stagiaire pour ne plus en sortir. Elle a forgé ses compétences managériales en occupant plusieurs postes au Maroc et en France. Intégrité, détermination, persévérance et résilience : elle dit partager les mêmes valeurs que son employeur.
Grande, fine, brune, petite coupe, lunettes sur le nez, souriante et démarche alerte, tailleur noir et chemisier. Laila Benjelloun fait sa première sortie médiatique suite à sa nomination, en janvier 2019, au poste de directrice générale de L’Oréal Maroc. Une date à retenir au sein de l’entreprise puisque c’est la première fois que le groupe français choisit de confier les rênes de sa filiale locale à un ressortissant du pays, une femme de surcroît.
Lorsque Laila Benjelloun arrive en 2000 à l’Oréal Maroc, c’est juste pour faire son stage de fin d’études. «J’ai intégré l’Oréal Maroc pour un stage de trois mois dans le cadre de mon cursus à l’ISCAE dans la filière marketing après un Bac S au lycée Lyautey. A la fin du stage, j’ai demandé la prolongation parce que je n’avais pas terminé ma mission», indique Laila Benjelloun. En fait, ce n’était pas seulement pour cette raison, c’était aussi et surtout parce qu’elle avait eu un coup de cœur pour cette entreprise. Pas parce qu’elle est femme et que c’est une entreprise de cosmétique, mais du fait qu’elle a suivi son instinct et qu’elle voulait réaliser ses rêves. Ce qui fut fait sur un parcours de 18 années durant lesquelles Laila a occupé plusieurs postes au sein de la filiale du groupe français. D’ailleurs, elle remerciera chaleureusement Jean-Paul Agon, le PDG de l’Oréal, lors de leur rencontre en janvier dernier à Paris.
Ne jamais dormir sur ses lauriers
Mme Benjelloun rappelle que la concrétisation de ses rêves a débuté le 27 juin 2000, le jour de son embauche en tant que chef de la division des Produits grand public. «J’ai postulé une fois mon diplôme de marketing en poche et ma candidature fut retenue». Elle gère alors les marques Mixa, Ultra Doux et l’Ambre Solaire. Une année plus tard, elle intègre la division du maquillage et est nommée chef de produit senior Maybelline. En 2002, son portefeuille de marques s’élargit puisqu’il compte toutes les gammes des produits de coloration capillaires, soins de la peau, maquillage et styling. Deux années plus tard, en 2004, on lui confie la direction des produits Grand public. Durant sept ans, elle sera en charge de plusieurs marques distribuées par l’entreprise. Elle sera au contact du marché, des distributeurs et des professionnels de la coiffure. Ce qui lui permet de connaître le secteur, les besoins et les spécificités des consommateurs marocains.
En 2011, la nouvelle DG de l’Oréal Maroc est promue directeur marketing pour la région MENA. A partir de Paris, elle gérait donc des marchés comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Liban, etc. «J’avais deux atouts: je connais bien le secteur de la cosmétique, les marchés et je maîtrise la langue arabe. Je ne remercierais jamais assez mon père avec qui j’avais passé un deal au moment de passer le test d’accès à l’école française : garder mon niveau en arabe et si celui-ci baissait je retournais à l’école bilingue». Dans ce nouveau poste, Laila Benjelloun était beaucoup plus dans l’opérationnel. Cette phase de son parcours a coïncidé avec l’ouverture de l’usine égyptienne, un outil industriel qui a permis de développer des produits régionaux, à l’instar de «l’Huile extraordinaire de replacement» qui fut ensuite déclinée et adaptée au marché européen. Une première pour le groupe.
En 2014, elle revient au Maroc aussitôt après la naissance de son deuxième enfant. La reprise se fait à la tête de la direction «Produits grand public». «La connaissance du marché, du secteur, des clients, des collaborateurs m’a facilité la tâche», explique la DG de L’Oréal Maroc, même si «chaque nouvelle fonction nécessite une adaptation». C’est sereinement donc qu’elle prend ses nouvelles fonctions tout en restant consciente qu’«il ne faut jamais dormir sur ses lauriers». Comme à son habitude, elle s’appuie sur ses valeurs personnelles, «les mêmes que celles de l’entreprise». «Il s’agit de valeurs à la fois humaines, personnelles et professionnelles: l’intégrité, la détermination, la persévérance et la résilience. Et tous les jours je remercie mes parents de me les avoir inculquées», dit Mme Benjelloun qui avoue ne jamais s’être ennuyée au travail. «C’est la réponse que je donne à tous ceux qui, dans mon entourage, me demandent pourquoi et comment je suis restée aussi longtemps dans cette même entreprise !».
Ses dix-huit années passées à L’Oréal lui permettent aujourd’hui de dire que «c’est une entreprise où il fait bon de travailler, c’est le “Great Place to Work” parce qu’il y a une stratégie pour améliorer la qualité du travail et l’égalité des chances».
Elle véhicule le sens du partage
L’Oréal Maroc, dira-t-elle, est une entreprise performante donnant une satisfaction professionnelle et citoyenne car elle crée un sentiment d’appartenance et offre des opportunités d’avancement et d’épanouissement. Plusieurs mesures et programmes ont été menés dans ce cadre et l’ensemble des projets clés aujourd’hui s’inscrivent dans cette logique. Ainsi, à L’Oréal on peut parler d’égalité du genre puisque 54% des salariés sont des femmes contre 46% d’hommes. Par ailleurs, la durée légale du congé de paternité (3 jours) est portée à 5 jours. Plusieurs programmes et actions encouragent et soutiennent les initiatives féminines… Et Laila Benjelloun compte renforcer cette dynamique d’égalité, de solidarité et de partage. «Mes parents m’ont inculqué l’honnêteté professionnelle, le respect des valeurs et de la famille. Ce que je transmets aussi à mes deux enfants, Kamil, 10 ans, et Inès, 4 ans», se rejouit Laila Benjelloun qui a bénéficié d’un statut particulier dans sa petite famille. «Je suis la fille unique et l’aînée d’une fratrie de trois enfants. Avec mes deux frères j’ai eu des relations à la fois de protection et de challenge. Mon petit frère vient d’obtenir sa première embauche, je l’encourage et le conseille pour qu’il aille de l’avant, jusqu’au bout de ses rêves…», conclut-elle.