Au Royaume
Pragmatisme
Pas de discours moralisateur ni vindicatif, aucune tendance à la «victimisation» ni à la «complotite» aiguë, pas de triomphalisme.

Pendant plus de deux heures et demie qu’a duré une rencontre récente du Chef du gouvernement avec quelques représentants de médias, Saad Eddine El Othmani a étonnement plus écouté que parlé. Il a daigné à peine effleurer, presque malgré lui, les sujets et discours populistes au moment où d’autres avant lui s’en donnaient à cœur joie. Ils ne faisaient pratiquement que cela en oubliant même ce qui est attendu d’un Chef de gouvernement. Quand bien même il est aujourd’hui numéro deux du PJD et président du conseil national, Saad Eddine El Othmani a presque fait l’impasse totale, parfois avec agacement, à chaque fois que les médias voulaient le ramener sur les sujets polémiques ou concernant son parti. Non pas qu’il ne pouvait pas en parler mais parce que tout simplement, disait-il, il est là avec un titre et avec une mission précise qu’il entend essayer de remplir sans fioritures. Pendant deux heures et demie, l’homme n’avait visiblement qu’un seul objectif : concentrer la discussion sur ce qui est attendu de lui, ce qu’il comprend de la situation actuelle et ce qu’il envisage de faire. Même son bilan des 120 jours, quand on le scrute de près, ne fait pas dans le spectaculaire mais de l’opérationnel concret. On se rappelle qu’en 2012, au bout de 100 jours, le bilan tournait encore autour du printemps arabe, des détenus salafistes, des listes des agréments et autres sujets à sensation.
Le bilan des 120 jours que vient de présenter en début de semaine le Chef du gouvernement, est terre-à-terre. Il parle d’emploi, de climat des affaires, d’investissement, de facilitation des procédures, de lutte contre la pauvreté… Mais les accros de la politique spectacle non rassasiés, à défaut de pouvoir débattre de choses sérieuses, l’ont commenté négativement.
Si, aujourd’hui, certains qualifient de faible ou de mitigé le bilan des 120 jours du gouvernement El Othmani, que devrait-on dire pour son prédécesseur qui au bout de 5 années n’a strictement rien fait sur des dossiers cruciaux ?
Pour l’emploi, le gouvernement Benkirane est resté sur une moyenne historiquement faible de 30 000 postes par an. En cinq ans aussi, le gouvernement Benkirane n’a pas fait grand-chose quant au volet de la corruption par exemple. Il n’a quasiment rien fait dans l’une des réformes vitales pour le Maroc, à savoir celle de l’enseignement. Le tourisme, les handicapés, la jeunesse et bien d’autres secteurs ont été presque ignorés.
Certes, une équipe répond solidairement et collectivement de ses résultats. Mais qu’on le veuille ou non, le Chef du gouvernement, comme son titre l’indique, est censé donner le cap à suivre et mener l’équipe vers les priorités.
