Au Royaume
Plus loin que le bout de son nez
Voilà , le Maroc vient de désigner son septième entraîneur de l’équipe national de football en sept ans. Une moyenne d’un par année.
Voilà, le Maroc vient de désigner son septième entraîneur de l’équipe national de football en sept ans. Une moyenne d’un par année. A titre de comparaison, l’entraîneur du club anglais de Manchester United, qui se prépare à tirer sa révérence, est resté à la tête du club pendant 22 ans. D’autres exemples sont tout aussi parlants.
Ainsi, Roger Lemerre, lui, a supervisé l’équipe tunisienne pendant 6 ans.
C’est ce même Roger Lemerre qui se trouve chez nous aujourd’hui. La polémique sur le salaire de l’entraîneur est stérile en même temps que malsaine. Un entraîneur, à plus forte raison avec un bon palmarès, se paie au prix du marché et c’est une question de moyens.
La polémique sur le choix entre entraîneur national ou étranger est tout aussi stérile. Au cours des 30 dernières années, trois entraîneurs ont fait rêver le Maroc. L’un, Baddou Zaki, était marocain et a réussi à mener son équipe vers une finale de Coupe d’Afrique. Les deux autres étaient étrangers : Mehdi Faria, qui nous a qualifiés pour un deuxième tour de Coupe du monde et Henri Michel, dont l’équipe de 1998 à brillé en Coupe du monde avant de tomber, par malchance. C’est ce même Henri Michel, maladroit dans ses réactions, qui a été lynché il y a quelques mois.
Les ressorts d’une bonne équipe sont au nombre de trois : la qualité des joueurs, le collectif de jeu et l’ambiance au sein de l’équipe. Or, pour faire fonctionner les deux derniers, il faut du temps, beaucoup de temps. Le temps pour l’entraîneur de trouver à la fois joueurs et bons remplaçants, le temps de connaître leur psychologie et leurs incompatibilités, le temps aussi d’intégrer progressivement du sang nouveau pour pallier les méfaits de l’âge sur le rendement des stars.
Tout cela est bien connu, mais le football est aujourd’hui géré à vue en fonction des échéances du moment. Que font alors les nouveaux arrivants ? Ils essaient de rafistoler au lieu de construire. Il s’adaptent là où il aurait fallu les laisser bâtir leur propre système de jeu.
Un exemple : l’équipe qui a battu la Belgique par 5 buts à un il y a deux mois, conduite par Fethi Jamal, est la même équipe qui a brillé contre la France en novembre dernier, conduite par Henri Michel. Le résultat peut-être bon, quelquefois, surtout avec la qualité des joueurs actuels, mais des performances régulières exigent qu’on accepte un taux raisonnable de défaites avant de commencer à évaluer. Arrêtons de bricoler.