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Peut-on encore critiquer Israël ?

Un sous-préfet français critique la politique israélienne et se fait limoger. Un député français insulte le peuple palestinien et personne ou presque ne réagit.

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En début de semaine, un sous-préfet français a été limogé pour avoir publié sur un site internet, dimanche 13 mars, une tribune dans laquelle il critiquait les abus perpétrés par l’Etat israélien contre la population palestinienne. Raison invoquée par sa hiérarchie : le manquement au devoir de réserve auquel est astreint le fonctionnaire. Si la nouvelle a déclenché une foule de réactions dans la blogosphère, on s’étonne que les médias classiques de l’Hexagone n’aient pas accordé plus d’importance à  l’information que s’il s’était agi d’un banal fait divers.

Peut-on encore critiquer Israà«l aujourd’hui ? Si la réponse semble évidente dans le monde arabe, elle l’est moins dans les pays occidentaux et, de plus en plus, cette réponse sera négative. Devant la multitude d’avis exprimés sur la question on laissera au lecteur le choix de se faire sa propre opinion en détaillant les faits et en posant une question.

Le même Bruno Guigue a publié le 18 janvier dernier une tribune o๠il s’en était pris à  la politique du président américain Georges Bush, l’accusant d’avoir contribué à  faire de certaines parties du monde un champ de ruines. Aucun manquement au devoir de réserve n’a été invoqué à  ce moment-là .

Le 11 mars dernier, le député français Paul Goasguen déclarait publiquement : «Comment vous dire la honte qui nous parcourt quelquefois, lorsque nous savons qu’à  Sdérot, o๠j’étais la semaine dernière, on subit, quotidiennement, les agressions d’un peuple sauvage, de terroristes épouvantables !» Il parlait bien évidemment des Palestiniens. Il est vrai que M. Goasguen n’est pas tenu par un devoir de réserve, mais il est tout aussi vrai que là  o๠le sous-préfet a critiqué une politique d’Etat, le député, lui, a insulté tout un peuple, incitant à  la haine raciale. En théorie, il est passible de prison, d’une forte amende et d’une privation de droits civiques pendant un an. En théorie seulement, car personne ou presque n’a réagi.

Question. Si le sous-officier s’en était pris à  l’Autorité palestinienne en dénonçant les attentats anti-israéliens et si le député en visite en Palestine avait traité les Israéliens de peuple sauvage, aurait-on eu les mêmes réactions ? Bien sûr que non.
Enfin, quelques chiffres : depuis 1967, 650 000 Palestiniens, peuple privé de sa terre, ont été emprisonnés ou torturés par l’occupant. Depuis la seconde Intifada seulement, en septembre 2 000, 7 000 Palestinients ont été tués. Mais la victime… ce sont toujours les Israéliens.