Au Royaume
Petites victoires, grands espoirs
Plutôt qu’un signe de force, il faut voir dans
les provocations et gesticulations du Polisario un désarroi manifeste.
Il est en train de perdre du terrain et ne sait pas comment renverser
la vapeur.
Après avoir tenu un congrès à Tifariti, en plein territoire marocain, sous le regard plutôt passif de l’Onu, voilà que le Polisario se met en tête de déplacer ses camps de Tindouf vers cette région. Voilà encore le Polisario qui menace de prendre à nouveau les armes en 2009. Voilà encore le Polisario qui s’agite et crie fort. Dans l’esprit du citoyen marocain lambda, les questions fusent. Que fait le Maroc ? Pourquoi cette inertie ?
Pour bien comprendre cette attitude, il faut lire les gesticulations du mouvement séparatiste autrement. Si le Polisario se démène autant, c’est qu’il est en train de perdre du terrain. La fougue de ses «cavaliers» s’est émoussée, la belle unité de ses dirigeants se fissure et les malheureux citoyens «polisariens» de Tindouf, qui vivent dans une misère sans nom, sont fatigués d’entendre les mêmes promesses, les mêmes litanies à propos d’un Etat virtuel, artificiellement soutenu, qui n’a ni raison d’être ni avenir, et dont le passé relève plus d’un accident de l’histoire que de l’histoire elle-même. Il est navrant de constater que ce mouvement, qui ne rate pas une occasion de crier au manque de démocratie au Maroc, a tenté de s’en prendre à un journaliste de la chaîne Al Jazeera – pourtant peu tendre avec le Maroc – parce qu’il avait osé parler de la probabilité d’un «effritement du Polisario». Ça ne vole pas très haut tout ça, ce sont des méthodes de voyous.
Les explications à cette fébrilité et à ces gestes de provocation sont à chercher dans trois causes. L’une conjoncturelle, liée à l’approche des négociations avec le Maroc, qui se tiendront début janvier : des tentatives de déstabilisation morale qui ne trompent plus personne. Les deux autres sont structurelles et très importantes. La première est celle de la défection d’un nombre important de militants qui tournent le dos à la chimère saharienne, et l’une des craintes du Polisario est que ce mouvement ne fasse boule-de-neige. La seconde est que, depuis quelques mois, le Maroc a abandonné sa passivité. Il rend coup pour coup, accusations contre accusations, procès contre procès, intox contre intox. Il use des mêmes armes et réussit mieux que son adversaire. Le Polisario était habitué à occuper largement le terrain de la diplomatie. Il se retrouve aujourd’hui malmené en interne et décrédibilisé en externe. Pour le Maroc, cela ne fait pas forcément gagner une guerre sur le court terme, mais plusieurs petites batailles arrachées sont un gage de succès sur le long terme