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Au Royaume

Pauvre fonction publique

La fonction publique et les effectifs des Administrations! Voilà une thématique qui mériterait bien que l’on s’y attarde tant elle a été l’objet ces dernières années de beaucoup de clichés, de fausses vérités. La question est d’autant plus importante qu’un défi majeur qui se pose au gouvernement El Othmani réside dans l’amélioration de la qualité du service public rendu aux citoyens.

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Edito Saad Benmansour

Pour commencer, il est important de tordre le cou à une idée répandue, qui n’est en fait qu’une fausse perception, et selon laquelle l’Administration marocaine serait pléthorique. Faux, archi-faux ! L’Administration marocaine compte aujourd’hui quelque 583 000 fonctionnaires. Pour savoir si ces effectifs sont suffisants ou non, la technique la plus connue est de les rapporter à la population et de comparer à ce qui se fait ailleurs. Alors qu’au Maroc on en est à près de 17 fonctionnaires pour 1 000 habitants, ce chiffre est de presque 80 dans un pays comme la France, où l’on dénombre plus de 5,5 millions de fonctionnaires, et même bien au-delà de 100 dans la majorité des pays scandinaves : 186 en Norvège, 144 au Danemark, 127 en Finlande, 119 en Suède. L’Allemagne, elle, compte 4,9 millions de fonctionnaires.
La fonction publique au Maroc est donc très loin d’être en situation de sureffectif, comme on aurait pu le croire. Elle est même en situation de sous-effectif aggravé, à en voir les chiffres. D’un autre côté, et pour comparer dans le temps, les effectifs des fonctionnaires n’ont pas non plus particulièrement explosé par rapport au passé. Au lieu de 583 000 aujourd’hui, ils étaient 540 000 en 2004 et 450 000, il y a 25 ans, c’est-à-dire en 1992. Là aussi, on ne peut pas dire qu’il y a eu explosion des effectifs. Mais tout cela n’exonère pas nos fonctionnaires de leurs obligations dont la première est de bien servir le client, qu’il soit demandeur de documents, justiciable, contribuable ou autre. D’autant plus que, et c’est là le bon côté de la fonction publique, nos fonctionnaires ne sont pas particulièrement défavorisés sur le plan matériel, surtout quand on les compare au reste de la population active et précisément les salariés du privé.
Les derniers chiffres du ministère des finances lui-même nous apprennent que le salaire mensuel net moyen dans la fonction publique est de 7 700 DH. C’est le double de ce que touche en moyenne un salarié du privé, soit 3 300 DH, selon les derniers chiffres de la CNSS. C’est aussi trois fois le revenu par tête d’habitant au Maroc.
Mais ce n’est pas là la seule disparité. Sur les douze régions que compte le pays, quatre à elles seules accaparent plus de 60% des fonctionnaires. De même 7 départements ministériels emploient plus de 90% des fonctionnaires. Si le gouvernement veut s’attaquer à la médiocrité, pour ne pas dire la pauvreté, du service public, il devrait peut-être commencer par rééquilibrer déjà la répartition inégale des ressources…