Au Royaume
Pas cher, l’emploi…
Nous y sommes ! Le gouvernement vient de déposer son projet de Loi de finances pour 2015 et les débats sont ouverts. Et d’entrée de jeu, le secteur privé, notamment à travers la CGEM, fait part de sa déception en signalant que ce qui est prévu dans la Loi de finances est de loin en deçà de ses attentes, en plus d’être complètement décalé par rapport au discours que tient le gouvernement en termes d’encouragements de l’entreprise et de relance de l’économie.
Les patrons, qui sont dans leur rôle naturel, défendent bien entendu la compétitivité de l’entreprise et c’est tant mieux. Laquelle compétitivité est liée, entre autres et pas seulement, au coût du facteur travail. Or, font-ils remarquer, et ce, depuis des années, le coût du travail au Maroc est encore trop élevé, notamment sur les bas salaires à cause du poids des charges sociales. Raison pour laquelle les représentants du secteur privé militent depuis toujours pour un allégement des charges sociales. Cette année aussi, la demande a été faite pour exonérer les entreprises de la part patronale pour tous les salaires inférieurs à 3 000 DH. Mais elle n’a visiblement pas été retenue par le gouvernement.
Il faut dire qu’une telle mesure, selon les premières estimations, ferait perdre aux caisses de l’Etat quelque 450 millions de DH de recettes. Ce qui n’est pas rien au vu de la situation actuelle. Mais pour les patrons ce serait un faux calcul puisqu’en face d’une telle exonération il faut mettre aussi dans la balance ce qu’elle rapporterait au pays en termes de création d’emplois qui constitue en fait l’une des finalités de la croissance. Et la CGEM, après avoir fait minutieusement ses calculs, se dit prête à s’engager solennellement à créer 100 000 emplois si une telle mesure lui était concédée. Au passage, on fera juste une petite opération pour déduire qu’à travers cette mesure chaque emploi créé coûtera à l’Etat 4 500 DH de dépenses fiscales découlant de ladite exonération. Un chiffre à garder en mémoire.
Le gouvernement devrait sauter sur l’occasion car à ce prix-là il peut être sûr qu’il fait une excellente affaire. Et les chiffres contenus dans le dernier rapport sur la dépense fiscale sont là pour le prouver.
En 2013, l’Etat a concédé près de 33 milliards de DH d’exonérations fiscales dont 20 milliards ont profité aux entreprises. Dans cette enveloppe, 4 milliards de DH concernent les seules exonérations relatives à l’impôt sur le revenu qui est par excellence le déterminant direct du coût du facteur travail et donc de la création d’emplois tant recherchée. Il se trouve que durant cette même année 2013, et cette fois ce sont les chiffres officiels du HCP qui le disent, il se serait créé en net 114 000 emplois, tous secteurs confondus. En d’autres termes, et en refaisant la même opération que précédemment, l’Etat a dû concéder aux entreprises 4 milliards de DH au moins, en 2013, pour qu’elles créent 114 000 emplois, soit 35 000 DH par employé. A 4 500 DH l’emploi, le gouvernement aurait dû prendre…