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Au Royaume

Parvenir ! Parvenir !

Après coup de Mr. Et-Tayeb Houdaifa.

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rub 16355

Dans une ère confite en dévotion pour le fric, ceux qui sont nés sous une bonne étoile écrasent la plèbe de leur importance ; les moins favorisés vendraient volontiers leur âme au diable en échange d’un pactole. «Parvenir ! Parvenir à tout prix !», ainsi que s’écrie Eugène de Rastignac, dans le «Père Goriot» d’Honoré de Balzac, constitue leur devise. Pierre Dac, l’inventeur du tordant schmilblick, disait que celui qui dans la vie est parti de zéro pour n’arriver à rien n’a de merci à dire à personne. A l’opposé, il s’en trouve des mal nés auxquels la fortune a souri, mais une fois parvenus aux cimes, ont commencé par renier les bonnes âmes qui leur avaient tendu la main pendant leur ascension. Tel cet industriel assidu, aux heures de la prière, à la mosquée de son quartier huppé, et pilier, le soir, du comptoir d’un bar à poules de luxe. Il doit tout à son ancienne femme, épousée pour son argent, et à quelques protecteurs. L’une, répudiée sans raison, les autres, fuis comme la peste, ont été mal payés de leur dévouement. Ce qui me fait penser à cette maxime balzacienne : «Les parvenus sont comme les singes desquels ils ont l’adresse : on les voit en hauteur, on admire leur agilité pendant l’escalade ; mais arrivés à la cime, on n’aperçoit plus que leurs côtés honteux». Plus j’observe ce parvenu, qu’on dirait sorti d’un roman du XIXe siècle, mieux me reviennent à l’esprit quelques formules balzaciennes frappées au coin du bon sens arriviste, celle-ci les résume toutes, elle émane de Rastignac, et elle dit : «L’honnêteté ne sert à rien». Voilà la recette.