Au Royaume
Pack de la rentrée
Toute la difficulté du travail d’un décideur réside dans la conciliation entre le court terme et le long terme.
James D.Wolfensohn, président de la Banque mondiale entre 1995 et 2005, est également connu pour être un spécialiste des questions de réduction de la pauvreté. Ce grand connaisseur du Maroc a déclaré dans une conférence donnée à Rabat que toute la difficulté du travail d’un décideur réside dans la conciliation entre le court terme et le long terme. Qu’il est indispensable de travailler sur le long terme, mais qu’il y a des actions prioritaires qui doivent être faites ici et maintenant, sans hypothéquer le long terme, ou compromettre l’avenir des générations futures.
C’est ainsi que peut se résumer la situation que vit le Maroc depuis peu, avec cette impérative mais délicate nécessité de sursaut social. D’un côté, des mesures immédiates sont requises de manière urgente pour venir à bout des inégalités sociales qui deviennent de plus en plus difficiles à accepter. D’autre part, des réformes structurelles sont tout aussi nécessaires afin de pérenniser ce processus et maintenir des équilibres macroéconomiques.
Certaines réformes à caractère urgent sont déjà en cours : élargissement du nombre de bénéficiaires de Tayssir, amélioration des services de restauration et d’internat au profit des étudiants, réforme de l’éducation nationale à travers le recrutement, en mettant le paquet sur le préscolaire, et en impliquant également les collectivités locales dans le financement, prise en charge de certains lauréats de l’OFFPT en leur dispensant des formations courtes d’employabilité avec le concours des entreprises, bol d’air aux PME à travers la réforme des fonds de garantie… On est en plein dans l’instant naguère évoqué par Wolfensohn.
La Loi de finances en cours de préparation, qui sera certes à forte orientation sociale, comme l’a confirmé Mohamed Benchâaboun dans son exposé devant le Souverain en conseil des ministres, n’est pas la seule à mettre à contribution comme levier social. Elle fait partie d’un ensemble. La formation professionnelle est par exemple à citer parmi les actions immédiates mais également les réformes de fond et elle ne relève pas d’une Loi de finances. Idem pour toutes les mesures d’appui social dans le cadre de l’éducation nationale, la lutte contre l’abandon scolaire…
Les jours à venir nous diront comment le gouvernement compte financer les mesures sociales faisant partie du PLF. En laissant filer légèrement le déficit budgétaire ? En diminuant les dépenses fiscales (exonérations, abattements…) ? En privatisant certaines entreprises publiques ? On devrait le savoir sous peu, mais ce qui est sûr, c’est qu’une dynamique se met peu à peu en place pour relancer la machine et restaurer la confiance.