Au Royaume
Oups ! on s’est trompé…
L’aveu solennel fait cette semaine en public par Barack Obama au sujet de la genèse du fléau Daech est affligeant.
L’aveu solennel fait cette semaine en public par Barack Obama au sujet de la genèse du fléau Daech est affligeant.
«Nous avons fait une erreur au début en sous-estimant Daech». C’est en substance ce que reconnaissait le président américain il y a quelques jours. Mais après quoi… ?
Non seulement les pays occidentaux s’enferment dans leurs propres grilles d’analyse pas toujours adaptées, et Daech en est la preuve, mais en plus ils ne prêtent pas attention ni aucun crédit aux avis et propositions qui n’émanent pas de leurs think tanks et de leurs éminences. Certes, les mauvais amalgames entre les impératifs géopolitiques et les intérêts économiques propres aux uns et aux autres y sont pour beaucoup. Pas d’intérêt, pas d’action. Mais l’inertie de ces pays s’explique aussi parfois par un excès de confiance. En somme, tant que le mal ne les menace pas directement, ils ne se sentent pas dans l’urgence de réagir.
On l’a vu avec Ebola. Ce n’est que quand ils se sont rendu compte que l’épidémie pouvait du jour au lendemain se retrouver sur leurs territoires que les pays occidentaux ont enfin mis en branle la machine pour lutter contre le virus en Afrique. Cela fait plus de dix ans que le Maroc a tiré la sonnette d’alarme par rapport à ce qui se passe dans le Sahel. Quand Rabat a mis en garde la communauté mondiale, il y a quelques années déjà, des liens dangereux des bandes du Polisario avec tantôt les ramifications d’Al Qaida, tantôt les réseaux de blanchiment d’argent, de trafic de drogue et de crime organisé dans la région, c’est à peine si quelques-uns y ont prêté l’oreille. Quand le Maroc disait à ceux qui voulaient l’entendre que lutter contre l’extrémisme religieux, y compris en Afrique, commençait d’abord par l’enseignement correct des préceptes de l’Islam dans les mosquées et par l’encadrement d’abord de ceux qui professaient cet enseignement et par la formation des imams, certains considéraient la théorie comme marginale.
Soudain, en septembre 2014, l’administration américaine et les Nations Unies avec, submergées par la vague Daech et par les mouvements extrémistes en Afrique, découvrent que la thèse marocaine avait finalement quelque chose de vrai et qu’il est temps peut-être de regarder de près l’expérience.
Car Daech n’est pas né en 2014. Cet extrémisme barbare que nous voyons aujourd’hui est celui-là même que le Maroc tente, depuis des années, de combattre par ses propres moyens et avec sa propre grille de lecture qui s’est avérée finalement pas si marginale que ça. N’en déplaise à certains, c’est bien grâce à cette méthode que le Maroc a pu se protéger contre la barbarie qui frappe pas loin de nous en Algérie, en Tunisie, en Libye, au Mali, au Niger, au Nigeria…
Alors qu’il y a quelques années, personne n’écoutait le Maroc quand il disait ce qu’il fallait faire, aujourd’hui le Conseil de sécurité, l’ONU et les pays occidentaux lui demandent de raconter dans le détail ce qu’il a réellement fait. Il n’est jamais tard pour apprendre !