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Au Royaume

Où sont-ils, que font-ils ?

Jusqu’à  quand faut-il que le Roi intervienne pour faire avancer un chantier, pour qu’une administration veuille enfin écouter les supplications de son homologue ou pour que des élus locaux n’en soient pas à  bloquer une wilaya ?

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Casablanca, dans la nuit du mardi au mercredi 1er septembre, boulevard de la Résistance. A trois heures et demie du matin, des ouvriers s’activent pour repeindre la séparation centrale entre les deux voies et fixer des blocs luminescents qui permettent aux automobilistes de mieux distinguer les limites de la chaussée. Etonnant, on n’a jamais vu un tel zèle à cette heure. Explication : les travaux étaient peut-être programmés, mais le Roi est à Casa et, selon la presse, il est passé ce jour-là par cette avenue. Alors, on met les bouchées doubles.

Casablanca. Depuis 2007, l’on sait que 92 000 ménages habitent des baraques et malgré le programme Villes sans bidonvilles, il reste encore aujourd’hui 47 000 ménages à reloger, soit 6,7% des habitants de Casablanca. Le problème est complexe et, au-delà du foncier, c’est surtout l’absence de collaboration des autorités locales qui a fait défaut. Etonnamment, là encore, depuis début juillet ça bouge. On a trouvé du foncier et les agents locaux s’activent auprès de la population. Par quel miracle ? Les hautes instructions du Souverain encore une fois.

Au cours des dernières années, le Roi a sillonné le pays par monts et par vaux, donnant des coups de pouce à l’avancement d’un chantier, ordonnant une réhabilitation urbaine non programmée mais nécessaire, débloquant un conflit de compétences ou mettant de l’ordre dans un manque de coordination. On peut certes se réjouir de cet état de fait, mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand faut-il que le Roi intervienne pour qu’une administration veuille enfin écouter les supplications de son homologue, pour que des élus locaux n’en soient pas à bloquer une wilaya par intérêt personnel ou esprit de contradiction, pour que des gens se réunissent en assumant leur responsabilité, dans l’intérêt de la collectivité ?

C’est malheureux à dire, mais on a parfois l’impression que rien ne peut se faire sans l’intervention royale. Or, le chef de l’Etat, même s’il règne et gouverne, ne peut être au four et au moulin à la fois et ne peut non plus descendre à un niveau de détail insignifiant pour se pencher sur le dossier d’un trottoir mal fait, un carrefour pénible ou des méchancetés entre chefs de division de ministères. Il faut bien que les responsables qui ont été nommés ou élus assument leur devoir et collaborent entre eux pour faire avancer les choses ou être révoqués. Pourquoi le Roi ferait-il le travail à leur place ?