Au Royaume
Opportunités pour le textile
le maroc compétitif dans le cycle court
Le textile marocain, donné pour chancelant il y a à peine une année, a encore de beaux jours devant lui, s’il sait profiter des nouvelles opportunités du marché européen. C’est, en substance, ce qui ressort de l’intervention de Karim Tazi, président de l’Association marocaine des industries textile et habillement (Amith) lors de la réunion, tenue à Paris, du groupe d’impulsion économique Maroc-France (voir page 16).
Une étude comparative combinant coûts de main-d’œuvre et délais de livraison révèle que l’offre textile marocaine est de très loin compétitive (voir graphe) par rapport à plusieurs pays. Ainsi, l’atout de proximité géographique, qui a été minimisé ces derniers temps face à l’agressivité des Chinois, s’avère être toujours de mise. Le working process ne dépasse pas les trois semaines pour le Maroc alors que pour les pays asiatiques, notamment la Chine, il est de 5 à 6 mois. La comparaison du coût de la main-d’œuvre (le coût horaire au Maroc est de l’ordre de 1,90 dollar) confirme la compétitivité du Maroc face aux pays européens et le situe au même niveau que certains pays de l’Est. Mais il reste quand même cher par rapport à des concurrents comme l’Egypte, où ce coût se situe à un dollar.
Qu’est-ce qui pourrait permettre au Maroc de reconquérir des parts ? La nature de la demande, qui a changé en Europe. Aujourd’hui, les deux tiers des importations du Vieux Continent se font sur des produits de cyle court (fast fashion) et le réassort. Autrement dit, une question de réactivité et de proximité que l’Asie ne peut pour le moment assurer.
Longtemps axée sur la sous-traitance, l’offre marocaine s’achemine davantage vers la co-traitance et la production de produit fini à forte valeur ajoutée. Ce qui lui permettra, d’une part, de conquérir de nouveaux marchés (américain par exemple), et d’autre part, d’ériger le Maroc en plate-forme d’exportation. L’arrivée de gros investisseurs en amont du secteur comme Fruit Of the Loom, Legler et Tavex s’inscrit dans cette optique.
Cette stratégie permettra à cette industrie de renouer avec la croissance et de retrouver ses clients traditionnels qui se sont détournés du Maroc, il y a deux ans, pour aller en Asie, notamment en Chine.