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Au Royaume

Opportunité ratée

Si, parallèlement au premier emploi défiscalisé, l’Etat avait baissé le taux marginal de l’IGR ou relevé la tranche d’imposition il aurait créé les vraies conditions de réduction du chômage.

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L’instauration d’un système de premier emploi défiscalisé largement plus souple que celui que l’on a connu avec les contrats de formation-insertion, jusqu’ici en vigueur, est une idée qui tombe à  point nommé pour absorber une partie des diplômés chômeurs que le pays compte. Le gouvernement espère en fait placer

200 000 demandeurs, dans un horizon de 5 ans, ce qui, au vu du rythme actuel, est plus qu’honorable.
Mais, inévitablement, une question se pose : à  l’issue des deux ans de stage de pré-embauche, pendant lesquels le salaire est défiscalisé, qu’est-ce qui empêche l’entreprise de se séparer du diplômé à  J-1 avant l’échéance ? Rien. Elle pourra, dès le lendemain, embaucher un autre stagiaire et profiter de l’exonération. Certes, dans l’absolu, la perte d’emplois sera nulle mais l’objectif essentiel, celui de la création d’emplois supplémentaires, ne sera pas atteint. De fait, et en dépit des bienfaits du nouveau système, on arrivera fatalement à  un seuil de saturation. De combien sera-t-il ? 50 000 emplois nets créés ? 100 000, 200 000 ? Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, la qualité des diplômés recrutés, leur adaptation à  leur mission, l’intention initiale de l’entreprise…Seule certitude, le système générera ses propres travers.

Maintenant comment réduire l’impact de cette dérive ? Tout simplement en agissant en amont, en réduisant les coûts qui pèsent sur les comptes d’exploitation, en matière d’impôts et de charges sociales. L’Etat reproche aux entreprises de ne pas être transparentes, mais, en même temps, le Maroc a l’un des taux marginaux d’IGR les plus élevés au monde et quand on veut assurer le minimum à  ses employés les charges sociales représentent 30% du salaire brut. Conséquence ? Les entreprises déploient des trésors d’imagination pour fractionner les salaires en frais de représentation et autres indemnités de transport tandis que la CNSS et le fisc passent leur temps à  chercher les réintégrations possibles.
Le plus important toutefois n’est pas là . Il est dans le fait qu’une entreprise qui paie plus de deux fois en brut, ce qu’elle donne en net, n’est pas tentée de recruter après ces deux ans, ou même trois ans de grâce. L’Etat, bien sûr, se défend en cherchant les recettes d’un budget serré, là  o๠il peut, mais, ce faisant, il s’aliène des ressources futures dans le long terme. En conclusion, par frilosité, il rate l’opportunité de faire de ce système de premier emploi défiscalisé un réel facteur d’aborption du chômage.

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