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Au Royaume

Objectif emploi, incha Allah…

Cette semaine, le Conseil supérieur de la promotion de l’emploi (oui ça existe !) a été réanimé après une très longue période d’hibernation. Créé en 2004, il avait déjà fallu attendre trois ans pour qu’il tienne sa toute première réunion.

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Edito Saad Benmansour

Et depuis 2007 on n’en a pratiquement plus entendu parler jusqu’en 2013. Depuis, silence radio de nouveau jusqu’à ce jeudi 12 janvier 2017, date d’une réunion que le ministère de tutelle a convoquée pour, dit-on, faire le bilan des programmes de promotion de l’emploi entre 2012 et 2016 et discuter des grandes lignes de la stratégie nationale pour l’emploi ! Il y a réellement de quoi s’inquiéter. D’abord parce que ledit conseil attend la fin du mandat du gouvernement sortant pour faire le point sur la situation de l’emploi. Il aurait été plus judicieux de faire des évaluations au cours du mandat. Un mandat qui, d’ailleurs, a été le plus médiocre parmi les trois derniers puisque, comme en attestent les chiffres officiels, entre 2012 et 2016, l’économie marocaine a créé en tout et pour tout une moyenne de 33 000 emplois par an. Pour comparaison, sous les deux gouvernements qui l’avaient précédé, il s’en créait entre 100 000 et 180 000 emplois par an selon les années avec même un pic de 300 000 en un seul exercice. Ces chiffres étant connus en tant et en heure, et la promotion de l’emploi étant sa seule et principale raison d’être, le Conseil supérieur aurait dû monter dès 2013 une véritable cellule de crise face à des chiffres aussi catastrophiques.

Au pire, et vu les contraintes parfois administratives et légales trop lourdes, les membres du conseil auraient dû et pu se manifester pour tirer la sonnette d’alarme et fédérer les parties prenantes pour éteindre le feu. Rien de tout cela n’a été fait. On nous dit que le conseil était paralysé parce que les mandats de ses membres attendaient d’être renouvelés. La création de l’emploi pouvait attendre !

Pour la réunion de cette semaine, les membres du Conseil de l’emploi vont se pencher studieusement sur les grandes lignes de la stratégie nationale de l’emploi. Déjà on parle de grandes lignes seulement, ce qui veut dire qu’on est encore loin de l’action concrète. D’ailleurs, cette stratégie nationale de l’emploi, en plus d’être annoncée elle aussi pendant le temps mort d’un gouvernement sortant, n’a fait l’objet à ce jour, et depuis sa révélation en grande pompe en décembre 2015, d’aucune communication claire et encore moins d’une déclinaison réelle sur le terrain. Personne n’en sait strictement rien.

Ce Conseil supérieur de la promotion de l’emploi illustre parfaitement la fâcheuse manie de certains de nos décideurs d’attaquer les problèmes par le mauvais côté. Et ils finissent toujours par nous créer de véritables usines à gaz qui consomment de l’énergie, du temps, des ressources et de l’argent sans rien produire…