Au Royaume
Ne chatouillez pas l’ogre…
En plus de l’ébullition qui précédera certainement les élections, l’année 2016 sera particulièrement chaude sur le plan social.
C’est en tout cas ce que promet fermement le patron de la plus grande centrale du pays, l’UMT. Une promesse que le gouvernement doit prendre au sérieux puisque, avant même le début de l’année, la couleur est déjà annoncée. Un collectif de syndicats, avec comme chef de file l’UMT, a déposé plainte contre le gouvernement du Maroc auprès de l’Organisation internationale du travail. A la mi-janvier, c’est un sit-in qui est programmé devant le Parlement à Rabat.
Tout cela a du bon et du mauvais à la fois. Si aujourd’hui au Maroc des syndicats parlent librement, tancent le gouvernement et se permettent même de le traîner devant des instances internationales, c’est manifestement la preuve du niveau de liberté syndicale et de libertés tout court dans notre pays. Quand bien même nos syndicalistes soutiendraient qu’ils sont combattus, il n’empêche que sous d’autres cieux et à d’autres époques, au Maroc même, une telle action aurait été impensable.
D’un autre côté, devant une dégradation pareille ne faut-il pas s’inquiéter sérieusement pour le climat de paix sociale ? Ce qui est sûr en tout cas c’est que le malaise est bien là et couve depuis plusieurs mois, voire plus. Et ce dialogue social, alors, qu’on nous a tant servi depuis des années, il a finalement servi à quoi ? Faut-il croire que c’était seulement pour la parade, pour la vitrine ? Certes, comme dans tous les pays du monde, le taux de syndicalisation au Maroc ne dépasse probablement pas les 5 à 6% de la population active.
Mais cela n’empêche pas que dans tous les pays qui se respectent les syndicats restent des partenaires et des acteurs incontournables dans l’édifice sociétal.
Que demain, le Maroc, à travers son gouvernement, soit pointé du doigt devant le monde entier comme étant un pays qui combat les libertés syndicales ne sera certainement pas bon pour l’image du pays, surtout à un moment où les ennemis sont légion et ne cherchent que la moindre petite occasion pour sortir leur artillerie.
Certes, la surenchère et le rapport de force font partie du jeu politique. Mais il ne faut pas non plus chatouiller l’ogre. Ce n’est que très récemment, précisément depuis le début des années 2000, que les relations entre l’Etat et les syndicats ont connu un apaisement.
Et c’est de cette sérénité sociale qu’aura besoin encore plus le Maroc au vu des grands défis qui nous attendent pour les années à venir…