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Au Royaume

Mohamed El Merghadi, secrétaire général du Conseil de la concurrence

Soldat de l’ombre de l’alternance, happé par la politique à  14 ans. Entre 1997 et 2007, il est le bras droit de Fathallah Oualalou avant d’entamer un nouveau challenge au Conseil de la concurrence.

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Mohamed El Merghadi, actuel secrétaire général du Conseil de la concurrence, a plus d’une flèche à son arc : enseignant-chercheur, militant de la première heure, homme politique engagé dans les rangs de l’UNFP dès le lycée, il a été aussi directeur de cabinet d’un certain Fathallah Oualalou, alors ministre des finances, il a également réfléchi sur la gestion des communes. Aujourd’hui encore il fait autorité à l’USFP chaque fois que le parti est sollicité pour une contribution au sujet de l’interaction entre l’autorité de tutelle et les communes.
Mohamed El Merghadi a vécu la houleuse période de l’arrivée des socialistes aux affaires et de l’instauration de la fameuse barre des 3% comme limite infranchissable du déficit, selon eux, pour maintenir les finances publiques en bonne santé. Néanmoins, il vit sans complexe le fait que les Usfpéistes ont eu du mal à tenir les promesses qu’il faisaient lorsqu’ils étaient dans l’opposition et qu’ils ne manquaient pas de critiquer les anciens argentiers dans des discours fracassants dans l’hémicycle. Mais Mohamed El Merghadi n’est pas homme à se laisser démonter pour «si peu», dit-il, car il a explication à tout, même à cela.

«A notre arrivée aux Finances,le déficit dépassait les 7 %»

Mais commençons par le commencement. Mohamed El Merghadi est marrakchi jusqu’aux bout des ongles et c’est dans la cité ocre qu’il est né en 1951. Elève brillant, son parcours secondaire est sanctionné par un bac en «lettres modernes» en 1969, mais le jeune homme est littéralement «aspiré» par la politique. Très actif dans l’Unem à l’époque, c’est par chance qu’il échappe aux arrestations de 1965. Après son bac, un moment d’hésitation : il est tenté par la philo, puis il pense à HEC Nice, ensuite on lui propose l’ENA qu’il refuse catégoriquement. Finalement, on le retrouve à la Faculté des sciences économiques et sociales de Casablanca. Parmi ses camarades de promotion, on retrouve Driss Khrouz, Youssef Tahiri ou encore Saïd Chbaâtou.
Quand il obtient sa licence en 1972, il s’envole pour Grenoble pour y préparer un DES en économie et c’est là où il a connu plusieurs pesonnalités politiques actuelles. Toutes les amitiés qu’il noue ne seront pas sans lendemain. Il va mettre quelque temps avant de choisir le sujet de la thèse qu’il ne soutiendra qu’en 1987 tant il était occupé par la politique mais aussi par l’enseignement car, dès 1975, il est maître-assistant à la faculté de Fès aux côtés de Driss Khrouz sous la férule du maître de conférences qu’était Habib El Malki. Entre les travaux dirigés qu’il dispensait, les cours qu’il a fallu donner en arabe, Mohamed El Merghadi reste très attaché à la vie politique. C’est d’ailleurs à lui que revient la gestion du bureau local du parti dans la capitale spirituelle. Plus tard, il se présente aux élections communales et sera, bien après, vice-président de la commune de Fès et vice-président de la communauté urbaine de Fès. Il explique que Fès a été le « laboratoire » où fut expérimenté par le pouvoir de l’époque et notamment Driss Basri, l’idée d’associer l’élite à la gouvernance locale.
C’est justement depuis cette date que Mohamed El Merghadi développe son expertise dans la gestion de la chose communale en menant une réflexion sur «la symbolique du développement territorial». embre du comité central de l’USFP depuis 1984, il travaillera bien plus tard à la préparation de l’alternance qui interviendra en 1997. Mais avant cela, dès qu’il obtient son doctorat, il enseigne «l’introduction du risque en économie».
En 1997, quand l’USFP arrive aux affaires, les choses vont s’accélérer. El Merghadi rejoint le cabinet de Fathallah Oualalou d’abord comme conseiller jusqu’en 2004, date à laquelle il devient chef de cabinet pour le rester jusqu’en 2007. De cette époque, il garde un souvenir quelque peu amer car, confie-t-il, «il y avait des contraintes lourdes dont le manque d’uniformité de ce gouvernement, la limitation des prérogatives et l’effort de pédagogie colossal qu’il fallait faire pour concilier tout cela et contenter tout le monde». Bien entendu, on peut comprendre que dès que ce qu’on appelait l’opposition avait pris le pouvoir, tous les secteurs étaient subitement devenus prioritaires et personne ne comprenait pourquoi on ne lui donnait pas les moyens de mener enfin la politique dont il a rêvé durant des décennies. Mais de l’autre côté, les moyens manquaient cruellement et Mohamed El Merghadi reconnaît que le parti ne pouvait pas dire tout sur tout et que le déficit dépassait largement les 7%. Et puis, ajoute-t-il, «il fallait rassurer la CGEM et réinstaller un climat de confiance tout en lâchant du lest sur le plan fiscal».
Mais grosso modo, Mohamed El Merghadi reconnaît aussi du bout des lèvres qu’il a fallu faire beaucoup d’arbitrage et surtout du « rafistolage » car trop de besoins se sont exprimés en même temps au moment où les ressources, elles, non seulement n’étaient pas extensibles mais elles devenaient justement peau de chagrin face à l’énormité de la soif du changement qui s’état emparé de tous les départements. Il le dit et le répète : «Le bilan de l’alternance est encore à faire».
Quoi qu’il en soit, Mohamed El Merghadi semble avoir été soulagé par la fin de cette période où les sollicitations venaient de toutes parts et où l’insatisfaction n’a jamais été aussi forte donnant lieu naturellement à de grandes déceptions. Et c’est à la fin de 2008 qu’il se voit offrir le poste de secrétaire général du Conseil de la concurrence et où il s’est attelé dès le début à la formation des cadres car, dit-il, «c’est un domaine pointu et où il faut être au fait de ce qui se passe dans le monde de manière précise pour instruire chaque dossier».