Au Royaume
Mohamed Boussaïd, wali de Casablanca
Ingénieur Ponts et Chaussées, il a d’abord été banquier, puis dga d’une entreprise industrielle avant d’intégrer la fonction publique à partir de 1995. Il a été membre du comité exécutif du RNI entre 2004 et 2010.

C’est son 16e poste depuis qu’il est rentré au Maroc, en 1986, fraîchement diplômé de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées (ENPC-Paris). Mohamed Boussaïd, le nouveau wali de Casablanca, se sera essayé à une multitude de domaines au cours des 25 années qui ont suivi sa scolarité. De la banque il est passé à l’industrie chimique avant de changer de cap en intégrant la fonction publique, d’abord dans l’Equipement puis l’Agriculture avant d’intégrer le ministère des finances pour devenir ensuite ministre chargé de la modernisation des secteurs publics, puis ministre du tourisme et enfin wali d’Agadir puis, depuis vendredi dernier, celui de la capitale économique. Feu Abdelaziz Meziane Belfkih qui l’a pris sous son aile pendant ses premiers pas dans le secteur public disait souvent : «Pour évoluer dans le service public, il faut y être prédestiné. Il y a des gens qui ont le service public dans leur sang». Mohamed Boussaïd fait partie de ces gens.
Un parcours atypique donc pour ce fils du peuple, pur produit de l’école publique. C’est dans la médina de Fès que ce fils d’ouvrier a vu le jour le 26 septembre 1961. La famille lui a appris les valeurs du travail et de l’effort et c’est dans la médina de Fès où il a vécu jusqu’au bac, en sciences mathématiques, décroché, en 1980, au Lycée Moulay Driss. Et comme tous les jeunes brillants bacheliers marocains de l’époque, il s’envole pour la France où il entame ses études d’ingénieur, «riche» d’une bourse du gouvernement marocain de 900 francs versée une fois tous les trois mois. Bien sûr, ce n’était pas suffisant, mais le jeune étudiant en classes préparatoires ne pouvait faire autrement que de s’en contenter. Du moins durant les deux premières années. Car, comme beaucoup d’autres il se débrouillera ensuite pour arrondir ses fins de mois. Sauf que, alors que les autres étudiants s’adonnent à de petits travaux manuels, souvent dans les restaurants et les bistrots, lui, il s’est arrangé pour donner des cours de mathématiques et de physique aux lycéens. Un travail bien payé d’ailleurs. Six ans plus tard, il rentre au Maroc, son diplôme d’ingénieur industriel en poche.
Il est l’artisan de l’opération des départs volontaires dans la fonction publique
La suite est connue, il enchaîne les postes, mais aussi les formations et les expériences. De 1986 à 1992, il a exercé en tant qu’ingénieur conseil à la Banque commerciale du Maroc. Il a, par la suite, été directeur général adjoint d’une société spécialisée dans l’industrie chimique (1992/1994). De 1994 à 1995, il réintègre le secteur bancaire. Il est chargé de portefeuille à la direction des grandes entreprises à la BMCI. L’actuel wali de Casablanca a occupé, de 1995 à 1998, le poste de chef de cabinet du ministre des travaux publics, puis chef de cabinet du ministre de l’agriculture, de l’équipement et l’environnement. Entre 1998 et 2001, on le retrouve directeur des programmes et des études au ministère de l’équipement. Entre-temps, il décroche, en 2000, un Master of business administration de l’International school of business de l’ENPC. De 2001 à 2004, il a occupé le poste de directeur des établissements publics et des participations, puis directeur des entreprises publiques et de la privatisation au ministère des finances.
En 2004 sa carrière déjà riche de fonctionnaire prend un autre tournant. A la faveur du remaniement dans l’équipe de Driss Jettou, il devient ministre chargé de la modernisation des secteurs publics et lancera notamment la fameuse opération des départs volontaires au cours de laquelle l’effectif des fonctionnaires sera réduit de près de 40 000 personnes. En octobre 2007, nouvelle aventure ministérielle puisqu’il se voit coiffer le département du tourisme et de l’artisanat au sein de l’équipe El Fassi. Un parcours qui prendra fin en janvier 2010.
C’est donc un cadre aux multiples casquettes : ingénieur industriel, ancien banquier, ancien haut cadre de l’administration publique et ancien ministre qui vient de prendre ses quartiers à la wilaya de la métropole. La politique n’est pas non plus un domaine étranger au nouveau wali de Casablanca puisqu’il a été membre du bureau exécutif du RNI et, en tant que tel, il a accompagné la métamorphose qu’a connue, ce parti depuis 2010. Naturellement, le jour de sa nomination en tant que wali d’Agadir, en mars 2010, il a coupé les attaches avec le parti et pris ses distances avec la chose politique. Il n’en reste pas moins que cette courte et néanmoins riche expérience lui sera d’une grande utilité une fois wali. C’est d’ailleurs le propre de chaque expérience par laquelle il est passé.
Pour ceux qui l’ont côtoyé, surtout lorsqu’il était ministre, Mohamed Boussaïd est «un travailleur infatigable, un homme qui aime travailler en équipe, et auquel les problèmes ne font pas peur». Aussi, beaucoup espèrent que le blocage politique et les énormes problèmes que connaît la métropole ne le feront pas reculer. Une chose est sûre, il arrive au moment où la ville a, plus que jamais, besoin de changement. Changement dans la gestion, dans les méthodes de travail et une certaine vision pour le développement qui manque cruellement à la première ville du Maroc
