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Modernité : le vieux débat

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Je suis étonné aujourd’hui que l’on parle de modernité et de modernisme au Maroc, comme si c’était un phénomène propre au XXIe siècle. Mémoire courte ou journalistes et intellectuels très jeunes sans références historiques. Dans les années 50, 60 et 70, il y avait déjà des modernistes et qui ne parlaient pas ou presque de laïcité. Héritiers d’une éducation bilingue (franco-arabe), les modernistes d’après l’indépendance étaient intègres, studieux, patriotes et pleins de vie. Ils aimaient la langue arabe – fréquentaient l’école coranique – même s’ils la reléguaient au statut de langue de la foi, de mémoire culturelle et littéraire, comme les Européens vis-à-vis du latin. Est venue ensuite la période trouble des partis nationalistes de droite comme de gauche, qui pensaient qu’en attaquant la langue et la culture occidentale et en défendant l’arabisation à outrance, fonds de commerce pour séduire les masses populaires, ils pouvaient faire pression sur la monarchie, pour recueillir des prébendes et accéder au pouvoir, oubliant que le Maroc, dans le passé préhistorique, n’a été ni français ni arabe ni musulman. S’ils s’étaient attelés dans un élan national et patriotique, eux qui avaient les moyens et l’instruction, aux tâches sociales de l’alphabétisation, du logement, du travail et de la santé, ils auraient pu obtenir à l’époque un appui de la monarchie et, peut-être, imposer la transition et l’alternance démocratique. Quant à la laïcité, choix des peuples civilisés, si tel est le souhait de la majorité et non pas imposé comme en Turquie, elle se serait imposée d’elle-même, faisant de notre pays, un pays des libertés, encore plus tolérant, où le politique serait la justice et le bien-être pour tous, et le religieux, la spiritualité dont chaque individu a besoin pour supporter l’angoisse existentielle. Il est donc urgent de repenser les partis, les démocratiser car ils sont plus makhzéniens que le Makhzen. Quant au PJD, point besoin de le dissoudre, il deviendra caduc et sera déserté par ses électeurs qui pensent d’abord au pain et à la justice avant de penser au Paradis.