Au Royaume
Modernité : bavardages
On assiste depuis des mois à une véritable débauche dans l’utilisation du terme «modernité» ; le point culminant a été atteint durant la dernière campagne pour les élections municipales. Presque toutes les listes ont mis en avant ce mot magique dans leur programme. Même les partisans du conservatisme le plus farouche ont usé et abusé de ce concept.
En conséquence, je me propose d’indiquer très brièvement et de la manière la plus simple, quelques traits de la modernité, dans l’espoir d’engager certains à plus de retenue et à plus de rigueur.
Cette notion est axée sur l’idée de progrès, non tant scientifique et technique (ce qui serait le modernisme) qu’humain : la personne est mise au centre de l’univers. Elle suppose également une réflexion et une conduite fondées sur la raison, excluant ainsi l’esprit mythique et mythologique. Elle est réfractaire au dogmatisme, à l’imitation des Anciens, au respect aveugle de la tradition, faisant du sens critique un de ses piliers.
La modernité induit aussi l’émergence de l’individu en tant que conscience autonome, jouissant des libertés fondamentales dont la liberté religieuse et son expression sans contrainte. Donc référence aux valeurs humanistes universelles. Par ailleurs, modernité rime avec sécularisation qui signifie que des pans entiers des activités sociales échappent aux référents et au contrôle religieux.
Mais disons-le sans détour, une modernité assumée suppose une dose de laïcité, c’est-à-dire une part d’autonomie du champ religieux par rapport au pouvoir politique.
Enfin, la modernité, c’est l’esprit d’innovation et du renouveau, ce qui est aux antipodes d’une certaine tradition qui répète inlassablement, même au sein de doctes assemblées: «La pire des choses, c’est l’innovation; toute innovation est une hérésie ; toute hérésie est un égarement et tout égarement conduit en enfer».
