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Au Royaume

Modèle sélectif

Il est fort à parier qu’une fois passé le mois de décembre et pliées les discussions contextuelles accompagnant la Loi de finances, le débat qui dominera la scène sera celui relatif au modèle de développement à améliorer ou à changer. On le saura dans quelques mois.

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Edito Saad Benmansour

Evidemment, le modèle en question devra, à un premier niveau, respecter les fondamentaux éternels et universels de toute économie, comme la création de richesses et surtout la redistribution entre les différents acteurs qui ont tous contribué à sa création.

Mais au-delà de ces fondamentaux, au second niveau, le modèle devra surtout déboucher, in fine, sur une croissance intensive et durable. Parce que sans croissance, il n’y aura rien à distribuer. Une croissance intensive n’est pas forcément une croissance élevée mais plutôt dense. Il s’agit d’une question de qualité et non pas de quantité, de densité et non pas de volume.

Cette problématique de qualité de notre croissance peut être déclinée à volonté dans notre économie.

Par exemple, pour ce qui est de nos exportations, si leur teneur en technologies et en valeur ajoutée était plus élevée, nous en tirerions de meilleures recettes pour le même volume. Mais nos exportations sont structurellement de faible valeur ajoutée, ne sont pas élaborées et donc à faible valeur commerciale.

L’autre exemple qui illustre bien l’enjeu de la qualité est la teneur de notre croissance en emplois.

Quelques chiffres pour bien comprendre : 2 points de croissance de la décennie 2000 à 2010 créaient presque 3 fois plus d’emplois que 4 points de croissance telle que nous la connaissons depuis 2012.

Or, qui dit qualité, densité, dit forcément sélectivité. Le Maroc, l’Etat, l’administration, les responsables des politiques publiques mais le secteur privé également doivent désormais devenir sélectifs.

L’investissement public doit être ciblé. La qualité de l’investissement public ne doit plus se mesurer par son niveau équivalent à des milliards de DH mais plus par son efficacité et la portée de ses effets sociaux et économiques immédiats, c’est-à-dire, entre autres, le nombre de personnes qui profiteront des projets publics comme les écoles, les hôpitaux, les routes,…Le Maroc doit devenir sélectif même au niveau des investissements étrangers qu’il reçoit. Il ne faut plus accepter n’importe quel investisseur étranger mais ceux qui apporteront véritablement de la valeur ajoutée à notre tissu productif, qui créeront le plus d’emplois possible, qui prodigueront des compétences et du savoir-faire aux Marocains…

L’élaboration d’un modèle de développement risque de façonner le Maroc pour les générations à venir. C’est une lourde responsabilité et un rendez-vous avec l’histoire qu’il ne faut surtout pas rater.