SUIVEZ-NOUS

Au Royaume

Miser sur la recherche

Assurément, avec l’arrivée de Peugeot, le Maroc monte progressivement en gamme et se positionne sur l’échiquier mondial de l’industrie automobile. Mais ce n’est pas de l’acquis ad vitam aeternam.

Publié le


Mis à jour le

Edito Saad Benmansour

Dans beaucoup de pays du Sud, comme au Maroc d’ailleurs à une certaine époque et pour certaines activités encore, la délocalisation se réduit à de la sous-traitance pure et dure. Il ne s’agit donc pas d’investissements stratégiques pour l’opérateur qui les réalise mais seulement d’une réaffectation «provisoire» d’un volume de production dictée par des impératifs de coûts. Ni plus ni moins. Il n’empêche que depuis quelques années, il se produit au Maroc des exemples qu’il convient de voir de près pour pouvoir dupliquer. Mais encore faut-il que l’on prenne le temps de comprendre.

Quand des géants mondiaux comme Renault, Peugeot, Boeing, Bombardier, pour ne citer que ceux-là, s’installent dans un pays, il le font désormais adossés à ce qu’on appelle un écosystème de sourcing constitué d’un tissu de fournisseurs. La recherche d’une main-d’œuvre pas chère est reléguée au second rang.

Les leaders mondiaux nous démontrent que la compétitivité ne se réduit plus dans le coût d’une heure de travail. Elle vient de plus en plus de la qualité du travail et des prestations, de la conformité de la production aux normes et standards de qualité, de la capacité d’apprentissage et d’amélioration dont font preuve les ressources humaines. C’est cela que recherchent les industriels mondiaux, en plus d’un écosystème de fournisseurs, sans oublier bien entendu les nécessaires dispositifs d’incitation fiscaux, fonciers, financiers ou autres. Ces derniers, le Maroc sait globalement déjà les faire depuis longtemps.

En revanche, les dépenses du Maroc en Recherche et Développement représentent moins de 1% de son PIB. En Corée du Sud, par exemple, ce chiffre est de plus de 4%, soit l’équivalent de 10 milliards de DH. Nos universités ne sont pas encore pleinement connectées au monde industriel et ne tirent pas profit ni contribuent activement à la dynamique. En dehors de quelques expériences isolées, nos universités ne sont pas encore devenues de vrais laboratoires pour venir en aide à l’industrie. La recherche est primordiale pour l’industrie et pour l’économie. C’est ce qui explique que le plus souvent les activités de laboratoires et de développement sont jalousement gardées dans le pays d’origine. C’est la recherche qui permettra au Maroc de profiter du transfert de savoir-faire des grandes signatures qui viennent s’installer, aux entreprises marocaines de monter en gamme et de fabriquer à plus haute valeur ajoutée.

Et pour la qualité des compétences, l’innovation, la R&D, il n’y a pas de recettes miracle : il faut une politique publique volontariste de la part de l’Etat, des universités et des écoles créatives, réactives qui collent à la réalité économique du pays et un secteur privé prêt à investir dans des activités sur le long terme et aux résultats pas toujours assurés…