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Céder le contrôle d’entreprises en parfaite santé, pour dynamiser l’économie, et en même temps rester actionnaire dans ces mêmes entreprises en faisant confiance au marché est un message politique très fort.

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Commenter une information où l’on est appelé, même de manière indirecte, à juger une opération relevant des affaires privées du monarque est toujours un exercice délicat pour un journal. Pourtant l’opération menée par le tandem Ona-Sni cette semaine, de par son ampleur et ses implications, appelle inévitablement à un commentaire.

Regardons les choses froidement et plaçons-nous dans la posture de l’observateur commentant le comportement d’un homme d’affaires lambda. Un beau jour, ce dernier décide de surseoir à plus ou moins long terme au contrôle de son patrimoine industriel pour en confier les rênes au marché. Etonnamment, les actions qui seront cédées les premières sont justement celles d’entreprises en pleine forme, leaders sur leurs marchés respectifs et ayant une longueur d’avance, technologique (Lesieur), de marketing (Centrale laitière) ou de marché (Cosumar), par rapport à leurs concurrents. Mieux, voilà ce même investisseur qui, même si le contrôle lui échappe, décide de faire confiance au marché et de rester actionnaire au sein de ces entreprises, en se soumettant à la démocratie de l’actionnariat, au risque de voir ce patrimoine se dégrader, sans pouvoir agir sur le plan opérationnel.

Réaction de l’observateur à cette décision : il en faut du cran pour oser lâcher le contrôle et en même temps prendre le risque de laisser ses billes dans le métier. S’agissant d’Ona/Sni et, en filigrane, des intérêts du Roi, la réaction s’accompagne d’une question qui a fait le tour des salons rbatis et casablancais : qu’est-ce qu’il y a derrière cette opération de mise inespérée sur le marché d’un paquet d’actions attrayantes ? Examinons, là encore, froidement, les raisons d’agir de l’industriel lambda. Le seul motif opposable serait une remontée de cash. Dans le cas présent, l’argument ne tient pas. Il est en effet contrebalancé par le fait qu’il faudra débourser énormément pour racheter les actions d’Ona et de Sni qui seront radiées de la cote, que le nouvel ensemble restera actionnaire significatif dans les sociétés en question et qu’il déclare publiquement son intention d’investir dans d’autres entreprises et les développer.

Question à poser donc. Un homme d’affaires lambda aurait-il fait cela ? Non, ce serait contre la logique d’optimisation économique. Le fait est que cette opération comporte un message politique fort : celui d’avoir accepté de réduire un patrimoine industriel patiemment construit pendant de longues années pour insuffler une dose de dynamisme à l’économie et à la Bourse et participer au développement du pays en investissant dans de nouvelles entreprises. En un mot : méritoire.

Com’ese

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