Au Royaume
Mehdi Benzine : «Notre présence au SMAP sera plus imposante qu’auparavant»
Les banques doivent fournir davantage d’efforts à l’égard du client acquéreur au niveau des conditions de financement.

En tant qu’acteur dans le secteur immobilier, quelle évaluation faites-vous du marché ?
Le secteur a évolué dans une conjoncture assez difficile ces trois dernières années et 2015 a été particulièrement dure. Actuellement, le marché est en train de se stabiliser. Il ne reste plus sur le marché que les promoteurs de taille, qui disposent d’une bonne assise financière, qui mettent en place des projets adaptés aux attentes des clients et qui offrent un bon rapport qualité/prix.
Il faut dire qu’il existe toujours un déficit énorme au niveau du segment social, malgré tous les chantiers qui sont en cours. Malheureusement, le foncier reste toujours une problématique plus présente que jamais. Et quand il est disponible, il est généralement situé dans la périphérie de la ville, et non au centre. Ce qui pose d’autres problèmes liés au manque, voire à l’absence d’infrastructures de base, aux moyens de transport… Le logement intermédiaire souffre lui aussi des mêmes lacunes, car ce type de logements est destiné aux personnes actives qui travaillent en ville et qui ne se montrent pas prêtes à habiter en périphérie et dans ce cas, la logistique reste tout de même difficile. Il est vrai que le ministère des finances, en collaboration avec celui de l’habitat, avait introduit dans la Loi de finances des encouragements aux promoteurs et des facilités pour les investisseurs ; mais cela reste insuffisant. Le foncier demeure cher.
Pour sa part, la publication du texte final de la VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) est rassurant aussi bien pour le consommateur que pour le promoteur. De notre part, nous adhérons complètement aux nouvelles dispositions de cette loi. Elle fait certes toujours l’objet de plusieurs critiques de part et d’autres, ce qui est normal, parce qu’une convention, une entente, une réglementation ne satisfait jamais toutes les parties. Personnellement, je pense qu’avec ce texte, le marché tend vraiment vers l’équilibre. De même, le développement du label «Iltizam» avec tous les critères pris en compte devra permettre de tirer le secteur vers le haut. En revanche, les appellations concernant les segments des logements au Maroc ne sont toujours pas claires, encore moins délimitées. Mais dans tous les cas, le marché s’impose de lui-même.
Au delà de celui du foncier, de quels autres problèmes souffre le secteur immobilier ?
Le point le plus important à mes yeux, du point de vue de la conjoncture générale, est le pouvoir d’achat. Aujourd’hui, les prix proposés sont supérieurs au pouvoir d’achat des Marocains. Un bien immobilier à 3 MDH est hors de portée pour un jeune couple qui entame à peine sa vie. A mon sens, les banques doivent fournir davantage d’efforts à l’égard du client acquéreur au niveau des conditions de financement. En plus de cela, je souhaite relever un autre point tout aussi important. Il s’agit des démarches administratives. En effet, les promoteurs continuent de pâtir de la lenteur des délais d’obtention des permis d’habiter, en dépit de toutes les promesses des autorités d’améliorer la situation. Nous avions beaucoup de problèmes avec les autorités auparavant. Aujourd’hui, plusieurs pouvoirs ont été transférés aux élus au niveau des conseils municipaux et malheureusement, ces entités, mais pas toutes, n’ont pas encore les moyens d’étudier le dossier. Certaines communes rurales ont connu des développements extraordinaires, mais il reste qu’elles ne disposent pas de ressources humaines qualifiées pour suivre ce développement et cela devient un handicap. D’un autre côté, la viabilisation prévue dans des zones en dehors de la ville en eau et électricité ne suivent toujours pas. Il existe plusieurs projets qui sont finalisés, mais ne peuvent être livrés puisque les services externes ne sont pas disponibles.
Et si on vous demandait un petit historique de l’activité d’Akwa Immobilier ?
L’activité propre d’Akwa Immo relève de notre filiale dédiée exclusivement à l’immobilier de bureau. D’ailleurs, il s’agit de la société Tafraouti, la plus ancienne filiale du pôle immobilier du groupe. Au départ, elle a été créée en vue de satisfaire les besoins du groupe en matière de locaux de bureaux. Je rappelle que le premier projet de la société est le siège du groupe Akwa à Ain-Sebaa. Actuellement, Tafraouti est présente sur la ville de Casablanca à travers 5 immeubles. Nous travaillons maintenant sur l’extension du siège du groupe Akwa, toujours à Ain-Sebaa et nous avons ouvert un nouveau chantier sur la route d’El Jadida pour un immeuble de bureaux.
Le résidentiel, lui, a commencé bien plus tard avec une nouvelle filiale qui a mené un projet de 2 600 logements économiques à Marrakech. Une partie a été réalisée à M’hamid et une autre à Tamensourt. Ensuite, la filiale a lancé le projet de la marina d’Agadir avec trois composantes. La 1ère est destinée à l’habitat, la 2e pour les activités nautiques et la dernière est consacrée à l’hôtellerie (Atlas Hospitality).
Sur Agadir, nous avons un projet de 22 hectares, nommé «Les jardins de Targa » sur lequel nous avons une mixité sociale. Autrement dit, ce sont des lots de terrains qui sont proposés avec des logements économiques, intermédiaires, des commerces et des villas… En tout cas, nous avons adopté ce concept de mixité sociale dans tous nos projets. Toutefois, en terme d’axe d’intervention, nous commercialisons des biens immobiliers sur les axes Rabat-Casablanca et Marrakech-Agadir uniquement. En fait, c’est une stratégie de développement que nous avons prônée, et qui nous permet de rester proches de nos clients à partir de Casablanca. En revanche, nous sommes présents sur tous les segments : social, économique, intermédiaire, moyen standing ou encore le haut standing.
n Pouvez-vous nous donner un aperçu sur le taux de commercialisation de vos projets immobiliers, tous segments confondus ?
Il faut savoir que nous avons été prudents dans le lancement de nos projets immobiliers. Sur Agadir par exemple, nous avons réalisé une étude de marché préalablement au lancement de nos projets. Ce qui nous a permis de procéder par tranches et donc de répondre à la demande. Chose que nous n’avions pas faite à Marrakech. Conséquence : nous nous sommes retrouvés avec un stock d’unités invendu. Pour Rabat, le taux de commercialisation de notre projet «Place des Zaers», situé à côté de Dar Assalam, a atteint 80%. Sur Casablanca, nous avons commercialisé 200 villas sur les 276 que compte notre projet «Villas des près», sachant qu’il a été lancé sur 4 tranches et que les deux premières sont déjà habitables.
Les biens immobiliers du logement social que nous avons lancé à Marrakech et à Casablanca ont été commercialisés totalement. Bref, lorsque nous avons un produit qui répond aux attentes de nos clients, la demande suit forcément, comme l’atteste le taux de commercialisation de nos produits et qui témoigne de la confiance de nos clients.
Akwa Immo est depuis quelques années déjà fidèle au SMAP Immo. Quelles sont vos attentes par rapport à cette édition ?
Effectivement, nous sommes fidèles au SMAP et nous n’avons jamais eu de déceptions. Le retour sur investissement est assuré et je pense qu’Akwa Immo fait partie des rares promoteurs qui concluent des transactions et reviennent avec des chèques. Il faut dire que les acquéreurs nous font confiance ; ils achètent sur plan et donnent même des avances, et ce, grâce à la notoriété que nous procure l’adossement à Akwa Group.
Cette année-là, notre présence au SMAP sera plus imposante qu’auparavant. En effet, nous avons prévu un plus grand stand et nous avons étoffé aussi notre équipe. Parmi nos objectifs dans cette édition, celui de commercialiser une bonne partie de nos lots de terrains sur Agadir. Vous savez, beaucoup de MRE du Sud manifestent une forte demande sur les lots de terrain. Ils souhaitent construire selon leurs moyens, leur cadence et leurs envies.
Existe-t-il chez vous un profil type des clients acquéreurs de logements que vous produisez ?
Notre clientèle est constituée essentiellement de Marocains qui souhaitent réaliser un investissement immobilier au Maroc ou avoir un pied à terre, ou encore, qui s’approchent de la retraite et souhaitent posséder un bien propre à eux dans leur pays d’origine. Je voudrais ajouter un point important lié à la confiance. Avec toutes les déceptions qu’ont connues nombre de clients de par le passé, l’acquéreur final est devenu aujourd’hui plus averti qu’avant, très regardant par rapport au bien immobilier qu’il a ciblé et plus exigeant. En effet, avant d’acquérir son bien immobilier, il s’informe sur le promoteur, ses actionnaires, son sérieux, aussi bien au niveau des banquiers, des consulats, ambassades ou même auprès d’autres acquéreurs.
Qu’en est-il de la clientèle européenne ? Est-elle en train de s’essouffler ?
Je ne pense pas que ce segment s’essouffle. Avec tous les avantages fiscaux qu’offre le Maroc par rapport à l’Europe, la demande ne peut être que manifestée. Cela dit, cette clientèle cherche des biens immobiliers dans les stations balnéaires ou dans des villes comme Marrakech et Essaouira. Compte tenu de l’orientation de la demande de cette catégorie de clients, il existe très peu d’acquéreurs européens dans notre portefeuille.
Avez-vous déjà fait face à des clients insatisfaits et comment les gérez-vous ?
Nos clients n’ont jamais été déçus, parce que nous sommes toujours à leur écoute. En plus de cela, nous gardons toujours une place pour l’amélioration de nos produits. La relation d’un promoteur avec son client ne devrait pas s’arrêter à la conclusion du contrat de vente. Elle doit aller au delà de cela, en incluant également le service après-vente. En ce sens, nous assurons dans bon nombre de nos projets la gestion du syndic pour la première année. C’est l’un des points essentiels à nos yeux et qui nous permet de sauvegarder le patrimoine de la société.
Prévoyez-vous une extension de vos projets en dehors des axes déjà précités ?
Nous ne comptons pas nous élargir en dehors des deux axes Rabat-Casablanca et Marrakech-Agadir, à moins qu’une opportunité s’offre à nous. Nous disposons d’une réserve foncière qui nous permettra de développer nos projets sur les cinq années à venir. De plus, nous n’entamons jamais un projet pour la simple raison que nous disposons d’une liquidité suffisante. Nous préférons guetter les bonnes opportunités et réaliser des projets adaptés aux besoins de la population.
