Au Royaume
Mauvais cinéma
Après coup de Mr Et-Tayeb Houdaifa.

Après son tir groupé sur un film dont nous tairons le titre pour ne pas nuire à sa carrière, la critique se retrouve, à nouveau, dans la ligne de mire des cinéastes. Les deux parties entretiennent un désamour chronique. Les cinéastes jugent la critique négligeable, inculte, malveillante, vénale, méprisable. Pourtant, sans souci du paradoxe, ils la lorgnent, la courtisent, la désirent, la caressent dans le sens du poil, afin de l’amadouer. Ils vont même jusqu’à estimer que son rôle est de délivrer des brevets d’existence et que, sans elle, ils ne vaudraient pas un rond. Grisé par les passions contradictoires qu’il suscite, le critique a tendance à perdre la tête. Il peut, abdiquant la simple raison, se gonfler d’importance et d’orgueil, être tenté de jouir, avec arrogance, de ses pouvoirs et privilèges. Beaucoup glissent dans cette spirale. Ils passent le plus clair de leur temps à pontifier, aux terrasses des cafés ou dans leurs estaminets favoris, en veillant à ce qu’on leur prête une oreille attentive. Ils distribuent notes et palmes, encensent ou pourfendent, sans raison si ce n’est la volonté d’étaler leur science. Autant d’actes «gratuits» qui affaiblissent le crédit de la critique. Sans toutefois justifier l’attitude des cinéastes qui, eux, veulent la tamiser et la contrôler. Match nul. Aussi nul que le spectacle plat dont nous gratifie la Coupe du monde. La faute aux stars qui, au lieu de nous procurer du rêve comme c’est leur devoir, nous font tout un cinéma (n’est-ce pas Anelka ?), comparable, en médiocrité, à celui auquel se livrent cinéastes et critiques.
