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Au Royaume

Maslow inversé

En 1943, le psychologue américain, Abraham Maslow, avait révolutionné les sciences des organisations avec sa célèbre théorie de la pyramide qui hiérarchisait les différents types de besoins de l’individu, du plus élémentaire au plus élaboré et sophistiqué.

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Edito Saad Benmansour

A la base de la pyramide, des besoins dits naturels, physiologiques comme se nourrir, boire, dormir, et tout au sommet, des besoins de reconnaissance de la communauté, de l’accomplissement de soi et l’épanouissement personnel. La théorie est encore d’actualité et vérifiée. La société étant l’organisation par excellence, ses membres, que sont les citoyens, obéissent aux mêmes lois. Avant d’atteindre les niveaux supérieurs, le citoyen doit d’abord passer par la base.

Certes, pour ce qui est du premier niveau de besoins, la grande majorité des Marocains a dépassé le stade de la survie même si, il est vrai, dans certaines régions les conditions de vie sont limites. Les petits villages de l’Atlas, coupés du monde chaque hiver, sont là pour nous le rappeler.

Mais au-delà de ce niveau, arrivent deux autres familles de besoins qui sont cruciales pour toute société, à savoir le besoin de sécurité et l’esprit d’appartenance. Si l’on admet que les besoins naturels sont un minimum pour tout être humain, ces deux niveaux supérieurs sont véritablement les deux ingrédients à partir desquels un groupement d’individus commence à prendre la forme d’une société. Les sentiments de sécurité et d’appartenance sont deux facteurs déterminants du vivre-ensemble et de la collectivité. La sécurité, d’abord, s’entend non seulement au premier degré, c’est-à-dire physique, mais au sens psychologique.

Une justice qui fonctionne bien, un Etat de droit fort, l’intégrité, l’équité devant les lois, l’égalité des chances pour accéder à l’école, pour avoir un emploi décent, ce sont là les piliers qui donnent au citoyen le sentiment de sécurité. Mais il n’est pas le seul. Les chefs d’entreprises, les investisseurs et les opérateurs privés de manière générale ont encore plus besoin de se savoir dans un environnement stable, sécurisé et qu’ils ne risquent pas de mauvaises surprises. L’investissement a besoin d’un climat de confiance durable.

Une fois sécurisé, rassuré quant à son avenir et celui de ses enfants, le citoyen monte en gamme et va se reconnaître dans la société qui le lui rendra bien. C’est le niveau supérieur de la citoyenneté : le sentiment d’appartenance. Pour une nation, un pays, l’appartenance se traduit par le niveau de civisme et l’amour de la patrie. On ne peut pas demander à un citoyen lambda de développer ces sentiments s’il n’a pas au préalable coché les deux premières cases de la pyramide. A moins de vouloir l’inverser…