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Maroc – Union européenne : Un destin lié à réécrire

Si le Maroc est avide d’apprentissage, il n’a de leçons à recevoir de personne. Surtout quand elles sont emballées dans un simulacre de débat puant la machination.

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L’Europe, un partenaire stratégique ! Le Maroc a toujours perçu de la sorte l’Union européenne, un marché commun (à la base) qu’il a même tenté d’intégrer au début des années 1990, avant de se voir opposer une fin de non-recevoir. Trop arrogant pour s’ouvrir à ce qu’on appelait à l’époque le Tiers-Monde, le Vieux Continent avec sa schizophrénie coloniale voulait bien continuer à se servir en Afrique, pour ne pas dire se servir de l’Afrique, mais sans pour autant œuvrer dans le sens d’un co-développement.
Pour l’immigration, par exemple, l’Afrique était vitale pour l’Europe des sixties qui creusait encore ses mines à la main ; elle reste tout aussi valable aujourd’hui quand il s’agit d’aller se servir dans le vivier d’ingénieurs surdoués et autres toubibs ; mais l’Europe fait la fine bouche dès qu’il s’agit de candidats à l’immigration cherchant à voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Pis encore, tout citoyen du Sud est considéré comme un potentiel clandestin. Il n’y a qu’à rappeler aux chantres des droits de l’Homme cette atteinte à la liberté de circuler que constitue le système de visa. Il n’y a qu’à rappeler aussi la grotesque instrumentalisation de ce levier par l’Etat français pour mettre une pression politique sur les pays du Maghreb et en particulier le Maroc.

Certaines anciennes puissances pensent qu’elles peuvent se permettre de prendre de haut le Royaume, de lui tordre le bras à leur guise. Avec leurs œillères, elles ont loupé l’épisode de la décolonisation ; sont vraisemblablement passées à côté du long chemin parcouru pour l’émancipation de notre pays, de son ouverture sur d’autres horizons économiques et diplomatiques, ainsi que sur d’autres modèles de développement.

Les Marocains ne sont plus «ces indigènes à civiliser», pour reprendre une abjecte et trompeuse expression coloniale, mais plutôt un peuple fier de son histoire et ses valeurs, fort de ses institutions et son Administration. Un peuple qui a gagné en instruction, en compétence, en confiance… Bref en souveraineté. Les Marocains ne sont pas dupes : ils ont conscience que des dérapages peuvent avoir lieu, que des injustices peuvent être commises, que des actes peuvent rester impunis. Et c’est valable sous nos cieux comme partout ailleurs…

Mais si le Maroc est avide d’apprentissage, curieux d’explorer différents modèles, il n’a de leçons à recevoir de personne quand il s’agit de ses institutions. Encore moins quand ce genre de leçons est présenté dans un simulacre de débat parlementaire puant la machination et le chantage, provoqué juste pour atténuer l’effet d’un scandale de corruption qui secoue cette institution européenne.

Que le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire marocain s’insurge contre cette résolution mal inspirée des élus européens qui se permettent de s’essuyer les pieds sur la justice de notre pays est une réaction des plus légitimes. Que le Parlement marocain décide de reconsidérer ses relations avec l’instance législative européenne est aussi une décision des plus justifiées, dès lors que cela reste dans le cadre de la courtoisie diplomatique. Mais en soubassement, c’est tout le partenariat avec certains pays européens que le Royaume devrait remettre à plat sans mettre évidemment tous ses œufs dans le même panier. Car le Maroc est conscient que son destin reste, dans une certaine mesure, lié à l’Europe. Mais c’est un destin à écrire ensemble, sur de nouvelles bases, des bases plus équitables, des bases de partenariat équitable.