Au Royaume
Maroc-UE : l’Europe s’engage à sécuriser l’accord agricole
Le Maroc attend un signal politique fort reconnaissant le rôle du Royaume et l’effort extraordinaire qu’il fournit à la frontière sud de l’UE.

L’Union Européenne doit assurer le cadre nécessaire pour l’application dans les meilleures conditions des dispositions de l’accord agricole la liant au Maroc. «Cet accord doit désormais s’appliquer conformément à l’esprit qui a présidé à sa négociation et sa conclusion». De même, «la Commission Européenne ainsi que le Conseil Européen ont la responsabilité de neutraliser les tentatives de perturbation par des positions et un discours clairs et cohérents avec des décisions que ces instances ont, elles-mêmes, portées et adoptées».
C’est en ces termes que le ministre de l’agriculture et de la pêche maritime s’est adressé, lundi dans un communiqué, à nos voisins du Nord pour protester contre une énième tentative de dresser des obstacles devant l’entrée des produits marocains sur les marchés européens. Ces actes, précise le ministre, doivent être sanctionnés et traités avec la plus grande fermeté de la part de notre partenaire européen. A défaut d’une prise au sérieux de ce genre de problèmes devenus récurrents dans les relations entre les deux parties, le Maroc n’aura d’autre choix que de se détourner de cette coopération avec l’UE «au profit d’une accélération de partenariats initiés dans des pays et régions diverses, notamment la Russie, la Chine, l’Inde, le Japon, les pays du Golfe ainsi qu’auprès de nos voisins africains».
Un peu plus tard, ce lundi 6 janvier, le ministre de l’agriculture est revenu sur ce genre de nuisances qui risquent de mettre en péril «un édifice de coopération construit sur de nombreuses années», dans des déclarations accordées aux agences de presse, l’espagnole EFE et la française AFP. Ainsi, et dans un entretien accordé à EFE, le ministre a dit regretter les «discordances» entre les différents organismes de l’UE à ce sujet, au moment où le Maroc attend «un signal politique fort reconnaissant le rôle du Royaume et l’effort extraordinaire qu’il fournit à la frontière sud de l’Union». L’UE doit dire clairement et sérieusement si elle veut un partenaire solide et crédible et avec qui elle veut travailler, a-t-il affirmé. Il a également tenu à mettre en exergue les efforts déployés par le Royaume en matière de lutte contre l’immigration clandestine et de régularisation des migrants subsahariens, affirmant qu’il s’agit d’«un problème très coûteux pour le Maroc que l’Europe doit apprécier à sa juste valeur». S’adressant à l’AFP, le ministre a souligné qu’ «il y a eu un jugement. Il faut maintenant que les choses soient claires, sincères, sur l’avenir que nous voulons développer entre le Maroc et l’UE». Et de conclure : «Nous n’avons pas de temps à perdre à aller devant les tribunaux. On ne veut pas rentrer dans la cuisine interne des institutions européennes».
La réaction de l’UE ne s’est pas faite attendre. Il n’aura fallu que quelques heures et une réunion très animée entre le ministère délégué aux affaires étrangères Nasser Bourita et la vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, pour remettre les choses à leur place. L’UE s’est ainsi engagée à prendre les mesures appropriées pour sécuriser l’accord agricole et préserver le partenariat avec le Maroc. Dans une déclaration conjointe, les deux parties insistent sur le fait que «le Maroc est un partenaire clé de l’Union européenne et l’Union européenne est un partenaire clé pour le Maroc». Les deux parties «demeurent attachées à ce partenariat et engagées à le défendre». De même, affirme l’UE, «des mesures appropriées seraient prises si nécessaire pour sécuriser la mise en œuvre de l’Accord de libre échange des produits agricoles transformés et produits de la pêche entre l’Union européenne et le Maroc en vigueur et préserver les acquis du partenariat dans ce domaine».
Pourquoi en est-on arrivé là ? Tout a commencé par une lecture zélée, avec des relents revanchards, du commissaire européen à l’énergie et au climat du dernier arrêté de la Cour européenne de justice. Laissant de côté l’énoncé de l’arrêté, pour aller puiser ses déclarations dans l’un de ses attendus, cet ancien député de l’Andalousie, région où le lobby agricole anti-marocain est le plus agressif, et ancien ministre de l’agriculture sous le gouvernement populaire de José Maria Aznar, a laissé entendre que cet accord, comme d’autres, n’allait pas s’appliquer à tout le territoire marocain. Ce qui a alerté le Maroc sur le sérieux de l’Union Européenne et sa volonté à sécuriser ses accords avec le Maroc.
