Au Royaume
Maroc-Suisse : une coopération renforcée
La Suisse est le 7e investisseur étranger au Maroc. Plusieurs programmes de coopération agricoles et d’accompagnement des agriculteurs marocains vont bénéficier de l’expertise suisse en smart-farming.

Le développement des relations bilatérales liant le Maroc et la Suisse sont, aujourd’hui plus que jamais, au centre des intérêts économiques, commerciaux, politiques et stratégiques des deux pays. Invitée d’honneur du SIAM 2019, la Suisse, 7e investisseur étranger au Maroc, est engagée à hauteur de 600 millions d’euros (plus de 6,5 milliards de DH), à travers des projets de recherche et développement, pharmaceutiques et parapharmaceutiques, éducatifs et agricoles. Le fruit d’une collaboration poussée dont les fondations ont été mises en place en 2004 par la signature d’un programme de coopération multidimensionnelle. Ce dernier a, dans un premier temps, posé les jalons d’un partenariat en matière d’économie et de migration. Depuis, plusieurs dimensions avaient été explorées puis concrétisées, dont celle de l’agriculture durable, de l’accompagnement des agriculteurs marocains dans leurs efforts de valorisation de leurs produits, de la certification et de l’amélioration de la chaîne de valeur des produits locaux. Que ce soit pour la gestion du sol, de l’eau, des cultures, la protection des plantes, la gestion du bétail et la mécanisation des procédés de production, la Suisse est pionnière à plusieurs égards, en particulier pour ce qui est du smart-farming.
Cette nouvelle conception de l’exploitation agricole a permis au partenaire helvétique de rendre plus efficaces les circuits de production de son secteur primaire, augmentant ainsi son rendement et minimisant l’impact des aléas climatiques. Un rapport publié par Agroscope, centre de compétences suisse dédié à la recherche agricole, explique que l’amélioration de la compétitivité agricole passe par l’adoption de dispositifs, parfois simples, telle «l’installation de capteurs intelligents qui permettent de rationaliser les ressources phytosanitaires, de détecter assez tôt les maladies chez les animaux et de mesurer la qualité des produits», explique Thomas Anken, chercheur au sein du centre. Le smart-farming consiste en la mise en place de partenariats entre les agriculteurs, les régions et les universités au niveau national, et avec des instituts de recherche internationaux, dans le but de récupérer les données collectées sur le terrain pour les transformer en variables d’ajustement et d’optimisation des exploitations agricoles. «Le but est, par exemple, que les données d’une vache récoltées par le robot de traite puissent permettre au robot qui distribue le fourrage d’adapter la ration pour l’animal en question. Le tout grâce aux algorithmes, sans l’intervention de l’agriculteur», explique Christina Umstätter, chef du groupe de recherche au sein d’Agroscope.
Transfert du savoir-faire et accompagnement
Pour sa part, Massimo Baggi, ambassadeur de Suisse au Maroc, a affirmé, lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca le 24 janvier 2019, que «la coopération maroco-suisse en matière agricole est de longue date et se matérialise à travers plusieurs initiatives». Parmi elles, figure le projet d’accès aux marchés pour les produits agroalimentaires et du terroir (PAMPAT), qui vise à améliorer la performance, l’accès au marché et les conditions socio-économiques des agriculteurs actifs sur les segments de l’huile d’argane et du cactus/figue de barbarie d’Aït Bâamrane. L’ambassadeur a également indiqué que le SIAM sera l’occasion de mettre en valeur le savoir-faire suisse en matière agricole, notamment pour ce qui est des volets technologiques, de la digitalisation des procédés et de la valeur ajoutée dans les produits transformés. Aussi, le Maroc et la Suisse travaillent en synergie pour le développement des régions montagneuses, une filière sur laquelle le partenaire helvétique est particulièrement avancé, de par la sophistication de son outil agricole basé sur l’adaptation aux particularités géographiques et climatiques et la maximisation de la productivité en prenant compte de ces éléments. C’est le propre du programme suisse de développement des surfaces agricoles utiles d’avoir permis de stopper la disparition de ces surfaces à une cadence de 33 m2 par minute. Entre 1975 et 2017, la taille des surfaces a plus que doublé, partant d’une moyenne de 9,2 hectares par ferme et par exploitation à plus de 20 ha. Un succès qui a permis de préserver les emplois dans le secteur primaire, et dont l’expérience sera amplement partagée lors de cette 14e édition du SIAM.
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[tab title= »La Suisse, un partenaire historique » id= » »]La Chambre de commerce suisse au Maroc est vieille de 25 ans. En 2016, le volume des échanges entre le Maroc et la Suisse s’élevait à 54,29 milliards de DH. La Suisse exporte principalement des produits pharmaceutiques, des machines et des produits horlogers, et importe des pierres et des métaux précieux, des articles de bijouterie, des produits textiles et du prêt-à-porter.
Dans le domaine de l’éducation et de la formation, la Suisse a ouvert la voie aux chercheurs marocains, à travers le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), pour décrocher des bourses d’excellence. Parallèlement, plusieurs partenariats existent entre des écoles suisses d’hôtellerie et des établissements hôteliers marocains. Sur le plan diplomatique, les ministères des affaires étrangères des deux pays se consultent mutuellement depuis 2009, notamment pour ce qui est des questions de la migration, des réformes démocratiques et des pratiques de bonne gouvernance.[/tab]
[tab title= »Agriculture durable et échange d’expériences » id= » »]Sur les cinq dernières années, la cinquantaine d’entreprises suisses présentes au Maroc ont créé plus de 9000 emplois directs, et investi plus de 5 milliards de DH. Celles qui seront présentes à la 14e édition du SIAM, par leurs activités directement ou indirectement liées au secteur agricole, partageront un espace de plus de 450 m² pour y présenter l’innovation suisse et les nombreux champs d’intervention qu’elles couvrent. Plusieurs conventions seront signées pendant le salon, engageant les entreprises suisses et les partenaires marocains, notamment sur les volets de l’emploi et de l’agriculture durable. Sur cette dernière, le pavillon suisse sera l’occasion pour l’invité d’honneur de présenter son savoir-faire en matière d’agriculture 2.0, soit l’introduction de procédés technologiques intelligents et connectés dans l’exploitation agricole, ainsi que les procédés digitalisés permettant d’agir sur l’ensemble de la chaîne de valeur agricole. La Suisse entend également contribuer à l’ancrage du «green leadership» du Maroc sur le plan régional et continental, et aider à faciliter l’accès au marché international pour des produits agroalimentaires et du terroir, notamment l’huile d’argane, le romarin et la figue de barbarie, en développant des chaînes de valeur dans une optique de croissance, en appuyant des associations professionnelles actives dans l’agriculture. L’objectif étant la valorisation des produits agricoles et l’échange d’expérience entre les deux pays à travers tout le territoire national. [/tab]
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